Pour plusieurs, la rédaction d’un mémoire ou d’une thèse implique de longues périodes de solitude. Cet isolement est partagé, mais n’est pas vécu de façon similaire pour tous et toutes. Sans surprise, son intensité et ses conséquences se révèlent plus importantes chez les étudiant.e.s susceptibles de vivre des inégalités sociales. Comme le soulignais Alexie Labelle dans Le Devoir en juin dernier : l’université fait naufrage pour certains plus que d’autres et les inégalités (de genre, de sexualité, de race, de capacités, etc.) teintent grandement le parcours des étudiant.e.s aux cycles supérieurs . D'autres recherches comme celles de Janta et al. (2014) et Lovitts (2011) ont permis de souligner la rareté, voire l'absence, de relations signifiantes durant la période de rédaction, un manque qui agit comme un facteur de risque important lorsqu’il est question de prolongation et d’abandon. Parallèlement, on observe peu de ressources et un vide structurel quant aux occasions de permettre, au minimum, le partage de cette expérience difficile au fil du parcours académique. À l’inverse, l’intégration sociale au sein de la communauté académique peut jouer un rôle majeur sur la persévérance. Cela permet de comprendre et de vivre les codes de la communauté, d’accéder à des connaissances tacites et des ressources plus ou moins officialisées. Gardner (2010) va jusqu’à soutenir que ce processus de socialisation et d’intégration est le déterminant principal de la persévérance aux cycles supérieurs. À la lecture de ces écrits et en accordant une attention particulière aux témoignages des quelques étudiant.e.s en situation d’immigration ou d’échange qui ont participé aux retraites de rédaction Thèsez-vous, nous en sommes venues à la conclusion que nous avions le potentiel de faire une différence. Au-delà des vœux pieux, nous avons décidé d’en faire une priorité pour 2018-19 : Rendre nos services plus connus et accessibles aux étudiant.e.s qui font face aux nombreux défis de l’intégration dans une nouvelle communauté académique. Et notre partenariat avec le Programme canadien de bourses de la Francophonie en est une manifestation concrète. Vendredi dernier, Thèsez-vous a donc signé une entente avec l’équipe du Programme canadien de bourses de la Francophonie (PCBF). Grace à cette dernière, tous les boursiers et toutes les boursières du PCBF deviendront automatiquement membres de Thèsez-vous. De plus, le PCBF soutiendra les étudiant.e.s à la maitrise ou au doctorat pour qu’ils, elles puissent s’inscrire gratuitement aux retraites de rédaction. Le saviez-vous? Dans le cadre du Programme canadien de bourses de la Francophonie, le Québec reçoit chaque année des ressortissants de 37 pays membres de la Francophonie qui viennent poursuivre un diplôme aux cycles supérieurs. Il s’agit d’un parcours très exigeant et Thèsez-vous est particulièrement fier de pouvoir y contribuer. Que ce soit au futur Espace Thèsez-vous ou lors de nos retraites de rédaction, nos activités s’enrichissent par la participation d’étudiant.e.s dont les profils, les expériences et les expertises sont diversifiées. Nous avons vraiment hâte d’y retrouver les boursiers et boursières du PCBF !
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Les périodes de rédaction d'un mémoire ou d'une thèse semblent être systématiquement associées à des temps de solitude et d'isolement, conséquence de la nature même de la tâche, mais également du type d'encadrement offert par l'université à ce moment du parcours. . Il y a quelques mois, Chao et ses collaborateurs relevaient justement 3 dimensions de l'expérience de solitude chez les doctorants français. D'abord, la solitude "Face à soi" qui découle de l'impression de voir tout son temps "dévoré" par la rédaction, la solitude "Face aux autres" qui résulte des difficultés à partager son vécu avec son entourage et la solitude "Face au monde", liée au vertige et aux incertitudes à l'égard d'un avenir incertain. Nous avons beaucoup réfléchi à ces "visages" de la solitude académique au moment de créer Thèsez-vous?. Si le leitmotiv des retraites est de rédiger plus et mieux, il s'agit aussi d'offrir des occasions de briser l'isolement. Vous seriez surpris des bénéfices de partager son quotidien de rédaction avec d'autres étudiant.e.s qui vivent des défis similaires, le temps d'une simple retraite. Il est peut-être nécessaire de briser sa routine solitaire pour prendre conscience qu'il existe bel et bien une communauté académique, qui a beaucoup à partager. Alors, ça vous dit de vous joindre à nous? Pour lire l'article original: Chao, M., Monini, C., Munck, S., Thomas, S., Rochot, J., & Van de Velde, C. (2015). Les expériences de la solitude en doctorat. Fondements et inégalités. Socio-logos . Revue de l’association française de sociologie, (10). Disponible en ligne. Billet rédigé par Sara Mathieu-C., Co-fondatrice de Thèsez-vous? Candidate au doctorat en psychopédagogie à l'Université de Montréal |
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