Il faut le reconnaitre, certains projets de recherche sont plus « finançables » que d’autres, du moins pour certains concours qui privilégient les démonstrations d’utilité à court terme, les impacts concrets et les énoncés claires vis-à-vis du « à quoi ça sert? ». À première vue, certaines candidatures plaisent davantage, au détriment de projets de recherche fondamentale, de recherche-création et tout autre démarche nichée qui sont plus ardues à défendre. Les dernières années passées à déposer des demandes ici, ailleurs, tout le temps et avec acharnement, m’ont toutefois permis de constater que la "forme" jouait pour beaucoup et pouvait permettre le financement de candidatures et de projets particulièrement hors normes. Comme si le savoir, savoir-être et savoir-faire ne suffisaient pas : encore fallait-il savoir-dire! Dans les cours, les ateliers et l'École d'été Thèsez-vous, je partage des éléments clés pour préparer une candidature, dont voici quelques exemples :
Bien qu’elles puissent paraitre évidentes, ce sont des recommandations à ne pas sous-estimer. Il faut cependant aller au-delà de ces "classiques" et réaliser une lecture active du programme de bourses afin de s'approprier et de couvrir l’ensemble des critères d'évaluation. Dans de cadre, j'ai développé différents outils, dont un document qui soutient ce travail de lecture active et d'appropriation tout en clarifiant les tâches à réaliser quand on se lance dans la rédaction d'une demande de bourse d'excellence. Il s’agit d’un simple tableau, à compléter dans Word, Excel ou au crayon. L’idée est de l’avoir sous la main, dès l'analyse du descriptif de la bourse, pour planifier le processus de mise en candidature. Le plus difficile est de le compléter une première fois. Ensuite, on prend l’habitude!
Attention : la première colonne du tableau final doit être modifiée en fonction des critères propres à la bourse ciblée et les autres colonnes en fonction des documents à fournir. Ensuite, il suffit de s’assurer que les cases soient complétées et que chaque critère soit couvert au minimum dans un, voire dans deux, sections de votre dossier de candidature (ex. résumé du projet, parcours intégré, lettre de motivation, lettre de recommandation). Chaque document devrait compléter les autres, plutôt que de répéter des facettes de votre candidature. Consolez-vous! Le temps et l’énergie alloués à faire une telle demande valent le coup! Ce processus permet de mieux s’approprier son objet de recherche, de réfléchir à sa pertinence scientifique et sociale, tout en offrant une occasion de discuter de son parcours avec sa direction actuelle ou future. Enfin, n’hésitez pas à communiquer avec les personnes responsables des programmes directement ou auprès de personnes ressources au sein de votre université, mais faites-le à l’avance et avec des questions précises. De plus, il ne faut jamais hésiter à soumettre pour une deuxième ou une troisième fois auprès d'un même programme, la persistance est valorisée et souvent récompensée. Bon courage et bonne rédaction! Billet rédigé par Sara Mathieu-C., Co-fondatrice de Thèsez-vous? -
Rédigé en août 2016, mis à jour en septembre 2023
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répondre aux besoins à travers le QuébecÀ chaque été, nous réalisons une mise au point qui repose sur différents processus: consultation de l'équipe, analyse des questionnaires d'appréciation des activités, balayage des plus récents écrits sur les enjeux universitaires, bilan organisationnel et financier, ainsi que l'analyse des données collectées par l'équipe de recherche affiliée à Thèsez-vous. C'est un travail important, un peu stressant et particulièrement stimulant! Notre programmation automnale tient donc compte de plusieurs variables, incluant la fin des mesures sanitaires, une zoom fatigue généralisée, un retour de l'engouement pour les retraites de rédaction et les activités urbaines, des défis financiers dûs à l'inflation et à l'évolution rapide du contexte sanitaire et un espace qui est toujours plein! C'est avec enthousiasme que nous vous présentons les activités de l'automne qui visent à répondre à une diversité de profils et de besoins chez les étudiant.e.s aux cycles supérieurs. N'hésitez pas à nous partager vos commentaires. S'ils n'ont pas un effet immédiat sur la programmation, ils sont toujours considérés pour la suivante! L'espace-ALt, adjacent à l'espace thèsez-vous, pour plus de blocs et d'activités urbaines!Depuis la fin des mesures sanitaires, l'Espace affiche complet plusieurs jours à l'avance. Ce n'est pas idéal et nous souhaitons soutenir plus d'étudiant.e.s! C'est pourquoi nous avons loué le local adjacent, l'Espace-ALT, qui permettra d'accueillir une douzaine de personnes de plus du lundi au samedi. Les frais sont dorénavant de 6,50$ pour un bloc, 65$ pour un lot de 11 (café et thé inclus) étant donné l'augmentation des dépenses de l'Espace. Nouveauté: si vous fréquentez l'Espace à quasi-temps-plein, il est possible de prendre une passe mensuelle (185$) qui garantit une place sans avoir à réserver. C'est aussi le retour des blocs en soirée! Les mercredis soirs seront dédiés aux blocs BIPOC (par ici pour en savoir plus sur les initiatives "par et pour" les étudiant.e.s racisé.e.s), alors que les mardis soirs seront réservées à la cohorte aux chandelles,
un espace temporaire à québec!
des Retraites à travers le québec & une 100e édition festive!
Pour la 100e édition, nous proposons une retraite à 100 PARTICIPANT.E.S animée par les co-fondatrices de Thèsez-vous en collaboration avec des animateurs-trices de longue date. Plusieurs surprises et occasions au rendez-vous, c'est à ne pas manquer! des groupes de rédaction en ligne pour se motiver ensemble de la maisonComme le nombre d'inscriptions des activités en ligne a drastiquement chuté au fil de la dernière année, nous avons privilégié des formules qui soutiennent des personnes ayant des défis plus particuliers, notamment celles qui travaillent à temps plein ou celles qui ont besoin d'établir une routine de rédaction, de briser l'isolement, de se motiver et de
des ateliers gratuits, en ligne, à chaque moisAfin, nous intensifions les Midis-SMART pour offrir une occasion de formation mais aussi de routine aux personnes qui souhaitent mieux planifier leur rédaction. Nous conservons les ateliers Thèsez-vous mensuels. Ces derniers reposent sur nos projets de recherche et nos lectures et visent à outiller les étudiant.e.s face aux différents défis de la rédaction d'un mémoire, d'une thèse, d'articles scientifiques ou de demandes de bourse. À ce sujet, n'hésitez pas à aller consulter l'onglet ressources de notre site Internet et notre blogue qui regorgent d'outils gratuits, dont notre application!
Par Julie Quynh Nhi Tran, animatrice bénévole chez Thèsez-vous depuis 2021 Depuis 2021, Thèsez-vous a mis en place des activités pour les personnes s’identifiant comme Noires, Autochtones, racisées, de couleur, bref… le fameux acronyme « BIPOC » (Black, Indigenous and People of Color) [1]. Et depuis deux ans, je m’occupe de l’animation de ces activités. En tant que personne racisée dans le milieu académique, je désirais m’impliquer dans un projet auquel mon investissement sera entendu et soutenu. Le but des activités BIPOC est de se réapproprier l’Espace chez Thèsez-vous en créant un environnement sécuritaire afin que les étudiant.e.s BIPOC puissent briser l’isolement ainsi que se défaire des stéréotypes et des sentiments négatifs intériorisés dus à la marginalisation de leur identité. Rappelons que les statistiques canadiennes et québécoises dénotent un accès inégal des Premiers peuples aux études postsecondaires comparativement aux Canadien.ne.s allochtones (CAPRES, 2018). Dès lors, les étudiant.e.s autochtones vivent davantage d’obstacles non seulement à l’accès aux études supérieurs, mais également dans leur trajectoire scolaire (pertes de repère et manque de soutien, traumatisme historique, voir CAPRES, 2018). En effet, le monde universitaire constitue une institution dans laquelle le corps enseignant et l’administration continuent d’être majoritairement blancs avec un curriculum eurocentrique [2] (Henry & Tator, 2009). D’ailleurs, les études ont démontré que les personnes BIPOC, particulièrement celles s’identifiant comme femmes ou queer, vivent un sentiment d’imposteur [3] — l’idée qu’iel.le.s ne se sentent pas assez intelligent.e.s, légitimes ou adéquat.e.s malgré les preuves qui confirment leur réussite dans le milieu (Nadal et al., 2021). Conséquemment, les variétés de microagressions (Sue et al., 2019), l’intériorisation des messages sociaux négatifs face à leur identité et le sentiment d’imposteur (Nadal et al., 2021) peuvent les affecter sur le plan cognitif et émotionnel (Lewis et al., 2017 ; Budge et al., 2016). Souvent confrontées par des environnements hostiles, les personnes BIPOC risquent davantage à vivre une surcharge de travail et un épuisement professionnel (Kobayashi, 2009). Pour y répondre, l’équipe Thèsez-vous a commencé par la mise en place des Blitz BIPOC en ligne afin d’assurer un accès sécuritaire aux services et faire tomber la performance raciale lors des moments de socialisation. Ensuite, avec le retour en présentiel, des soirées de rédaction gratuites pour les étudiant.e.s BIPOC ont été proposées les mercredis (18 h à 22 h) à l’Espace Thèsez-vous (et seront de retour dès l'automne 2023). Pourquoi un espace de non-mixité est-il nécessaire ? Ce type d’espace est nécessaire, car cela permet aux étudiant.e.s BIPOC de se déposer (enlever le masque de performance devant leurs pairs) et partager les défis du milieu liés à leur identité marginalisée : les barrières administratives, la non-reconnaissance de la pertinence de nos études, la difficulté à trouver des sources de nos sujets dus aux injustices épistémiques, les agressions raciales par nos collègues et des étudiant.e.s dont nous sommes chargé.e.s de cours ou auxiliaires d’enseignement… Si certains de nos sujets de conversation sont en lien avec nos expériences de racisation, nous profitons aussi de ces moments pour partager nos réussites, des solutions face aux défis et des stratégies de résistance pour naviguer dans un milieu qui nous a longtemps étudiés, persécutés ou reniés. À travers les échanges lors de ces soirées, j’ai commencé à nouer des liens d’amitié avec d’autres étudiant.e.s qui vivent des réalités similaires aux miennes. Pour certain.e.s, je les ai recroisé.e.s dans d’autres événements autant académiques et hors-académiques. Ce type d’espace nous permet donc de consolider des alliances, de nourrir un sentiment d’autoefficacité et de nous encourager à surmonter les défis rencontrés tout en préservant notre santé mentale. Nous tentons de discuter et de surpasser les "stratégies de survie", c’est-à-dire l'adoption des codes dominants pour éviter les microagressions et de s’insérer professionnellement. Pour la première fois chez Thèsez-vous, nous organisons le Camp Rédigez-vous, édition BIPOC Date : 7 au 16 août — Tous les lundis, mardis et mercredis Heure : 13 h à 17 h Coût : 50 $ (présentiel) ou 35 $ (virtuel) Il n’est pas nécessaire de détenir un membership Thèsez-vous pour participer à cette activité, mais il faut simplement se créer un profil sur la plateforme de Thèsez-vous. Des bourses sont d’ailleurs disponibles pour participer aux activités. Pour les étudiant.e.s de l’Université de Montréal, des bourses sont offertes pour le camp BIPOC en présentiel et en ligne. Comme mentionné, au-delà d’un simple espace pour rédiger nos projets universitaires, nous rencontrons de nouvelles personnes avec qui nous développons une intimité et des affinités à travers le temps et qui dépassent largement les frontières du milieu académique. Personnellement, les blocs BIPOC m’ont permis à découvrir ma coloc et une personne que je considère comme une sœur dans ma famille choisie. Celle-ci est devenue en quelques rencontres un pilier qui m’aide à traverser mes moments difficiles dans le milieu universitaire. Et c’est de cette forme d’amitié que j’espère que les activités BIPOC chez Thèsez-vous permettront de développer dans l’avenir. Si vous avez des questions, commentaires ou suggestions en lien avec les acitivtés BIPOC, n’hésitez pas à contacter : [email protected] [1] Bien que le terme « racisé » et l’acronyme BIPOC ne fait pas l’unanimité car cela risque d’effacer certaines réalités, le choix de cet acronyme par Thèsez-vous est expliqué dans l’article de blog rédigé par Rayane Zahal, Responsable des questions d'équité, diversité et inclusion : https://www.thesez-vous.com/blogue/le-blitz-bipoc-cest-quoi [2] L’eurocentrisme est une idéologie dans laquelle le monde se construit avec les standards européens et donc, une imposition de leur vision dite universelle. Il y a alors cette prétention de la supériorité de l’Europe et l’Occident au niveau scientifique, technique, politique et culturel (Voir Inglebert, H., Chapitre 34 - La question de l’eurocentrisme, H. Inglebert, Le Monde, l’Histoire : Essai sur les histoires universelles, 2014, pp. 1109-113) [3] Communément connu sous le nom du « syndrome de l’imposteur », ce phénomène est une conséquence de la discrimination systémique. Dans la même lignée que l’article de Ruchika Tulshyan et Jodi-Ann Burey, ce « syndrome de l’imposteur » responsabilise les personnes en situation de marginalité sans prendre en contexte la création des inégalités systémiques (racisme, sexisme, classisme, capacitisme, etc.). Plutôt que de s’attarder à « fixer » les problèmes que ces personnes vivent, il faut davantage changer les structures qui nourrissent les biais et les microagressions pour promouvoir à l’émancipation des communautés marginalisées dans le milieu professionnel. (Voir Tulshyan, R., & Burey, J.-A. (2021, 11 février). Stop Telling Women They Have Imposter Syndrome. Havard Business Review.https://hbr.org/2021/02/stop-telling-women-they-have-imposter-syndrome) Références Budge, S. L., Thai, J. L., Tebbe, E. A., & Howard, K. A. (2016). The intersection of race, sexual orientation, socioeconomic status, trans identity, and mental health outcomes. The Counseling Psychologist, 44(7), 1025-1049. CAPRES (2018). Étudiants des Premiers Peuples en enseignement supérieur. https://www.oresquebec.ca/dossiers/etudiants-des-premiers-peuples-en-enseignement-superieur/ Henry, F., & Tator, C. (2009). Theoretical Perspectives and Manifestations of Racism in the Academy. In F. HENRY & C. TATOR (Eds.), Racism in the Canadian University: Demanding Social Justice, Inclusion, and Equity (pp. 22–59). University of Toronto Press. http://www.jstor.org/stable/10.3138/9781442688926.4 Kobayashi, A. (2009). Now You See Them, How You See Them: Women of Colour in Canadian Academia. In F. HENRY & C. TATOR (Eds.), Racism in the Canadian University: Demanding Social Justice, Inclusion, and Equity (pp. 60–75). University of Toronto Press. http://www.jstor.org/stable/10.3138/9781442688926.5 Lewis, J. A., Williams, M. G., Peppers, E. J., & Gadson, C. A. (2017). Applying intersectionality to explore the relations between gendered racism and health among Black women. Journal of counseling psychology, 64(5), 475-486. Nadal, K. L., King, R., Sissoko, D. G., Floyd, N., & Hines, D. (2021). The legacies of systemic and internalized oppression: Experiences of microaggressions, imposter phenomenon, and stereotype threat on historically marginalized groups. New Ideas in Psychology, 63, 100895. Sue, D. W., Alsaidi, S., Awad, M. N., Glaeser, E., Calle, C. Z., & Mendez, N. (2019). Disarming racial microaggressions: Microintervention strategies for targets, White allies, and bystanders. American Psychologist, 74(1), 128-142. Par Cynthia Vincent, Kathy Beaupré-Boivin, Catherine E. Déri, Émilie Tremblay-Wragg et Raphaëlle Côté-Parent Depuis ses débuts, Thèsez-vous a des visées sociales précises entourant la mise en œuvre de ses activités de rédaction en groupe. On souhaite notamment encourager la socialisation à la profession de chercheur·e (à l’écriture scientifique précisément) et favoriser le réseautage entre les étudiant·e·s aux cycles supérieurs (apprenti·e·s chercheur·e·s) de différents domaines d’études et universités d’attache. Thèsez-vous rassemble donc, entre autres, les apprenti·e·s chercheur·e·s de la communauté scientifique afin que celles et ceux-ci échangent et travaillent dans des conditions de rédaction favorables, ensemble. En collaboration avec notre équipe de recherche, une question nous anime: si et comment peut-on mesurer le sentiment de communauté scientifique? Peut-on mesurer le sentiment de communauté scientifique? Intéressée à connaître les effets des activités de rédaction en groupe qu’elle offre, l’équipe de Thèsez-vous a toujours en tête la question de la mesure utilisée dans ses recherches (p.ex., Vincent et al., 2022). C’est pourquoi nous avons entrepris une fouille de la littérature au sujet des instruments de mesure du sentiment de communauté scientifique. Au final, le constat était évident: à notre connaissance, aucune échelle ne semble avoir été développée pour mesurer tous les facteurs (incluant, mais non limités à, la perception d’appartenance, d’utilité et de compétences pour contribuer à la communauté scientifique) qui selon nous définissent le sentiment de communauté scientifique. Ainsi, la question qui nous anime est la suivante: Comment peut-on mesurer le sentiment de communauté scientifique? Pour répondre à cette question, nous avons entrepris la mise en place d’une échelle du sentiment de communauté scientifique chez les doctorant·e·s. Que disent les études sur la communauté scientifique chez les apprenti·e·s chercheur·e·s? Vekkaila et al. (2013) définissent la communauté scientifique comme le principal environnement d’apprentissage et de travail des doctorant·e·s. McAlpine et Norton (2006), elles, en parlent comme d’une entité complexe et multicouche qui peut comprendre, par exemple, un groupe de recherche spécifique faisant partie d’une faculté influencée par une discipline inscrite dans la grande communauté scientifique. Plus simplement, la communauté scientifique désigne, dans un sens large, l'ensemble des chercheur·e·s, y compris les apprenti·e·s chercheur·e·s, qui mènent des travaux de recherche scientifique. Conséquemment, la communauté scientifique sollicite la participation des chercheur·e·s, y compris des apprenti·e·s, et permet la collaboration entre les pairs (Brew et al., 2011 ; Pyhältö et Keskinen, 2012). “Apprenti·e·s chercheur·e·s? Les personnes étudiantes aux cycles supérieurs dans un programme nécessitant la réalisation d’un projet de recherche sont considérées comme des apprenti·e·s chercheur·e·s.” Pourquoi s’intéresser aux doctorant·e·s spécifiquement? Les doctorant·e·s en recherche se démarquent des autres populations étudiantes de plusieurs façons. D’abord, vu la durée du programme (environ cinq ans) et la charge demandée par la thèse (manuscrit volumineux), les doctorant·e·s réalisent un parcours nettement plus long et exigeant intellectuellement que les autres formations post secondaires existantes. En outre, les doctorant·e·s, par leur formation au métier de chercheur·e, sont encouragé·e·s à entreprendre de multiples tâches (recherche, enseignement et services à la collectivité), faisant qu’ils·elles se considèrent comme des professionnel·le·s en formation plutôt que comme de simples étudiant·e·s (Centre d’innovation en santé mentale sur les campus, 2021). Ainsi, pour une plus longue durée et avec plus d’intensité que les autres étudiant·e·s, les doctorant·e·s éprouvent une situation de précarité, souffrent d’isolement (Cristia, 2022) et éprouvent d’importantes difficultés psychologiques (Hazell et al., 2020; Levecque et al., 2017). Notre étude en cours pour apporter une mesure du sentiment de communauté Des mois de travail se sont écoulés à développer des items basés sur les théories existantes sur le sentiment de communauté (p.ex. McMillan et Chavis, 1986) et sur le contexte de la recherche scientifique et du développement professionnel des apprenti·e·s chercheur·e·s. Parmi les neuf étapes de développement d’échelle de DeVellis et Thorpe (2021), nous en sommes rendues à l’administration du questionnaire. Vous êtes curieux·euses de connaître le processus en détail et/ou les résultats concrets? Et bien, il faut d’abord participer à l’étude et/ou nous aider dans le recrutement! Si vous êtes au doctorat, nous aimerions BEAUCOUP solliciter un peu de votre temps pour remplir le questionnaire et ainsi nous permettre d’avancer le développement de notre mesure du sentiment de communauté. Cela aidera Thèsez-vous à bonifier ses activités au besoin, et nous permettra de transférer les connaissances acquises aux milieux de la recherche et universitaire. Comment participer? Si vous êtes doctorant·e·s inscrit·e·s dans un programme de recherche dans une université au Québec), vous êtes invité·e·s à remplir le sondage via ce lien: 👉 https://sondage.uqam.ca/972759?newtest=Y&lang=fr 👈 Comment nous aider dans le recrutement? Comme vous le savez, les doctorant·e·s sont souvent inondé.e.s de courriels et parfois difficiles à rejoindre. Si vous souhaitez nous aider, n'hésitez pas à partager le sondage aux doctorant·e·s que vous connaissez ou à faire circuler les publications: Sur ce, nous vous remercions de l’intérêt que vous portez envers notre étude! Références Brew, A., Boud, D. et Un Namgung, S. (2011). Influences on the formation of academics: The role of the doctorate and structured development opportunities. Studies in Continuing Education, 33(1), 51-66. https://doi.org/10.1080/0158037X.2010.515575 Centre d’innovation en santé mentale sur les campus (2021). La santé mentale des étudiantes et des étudiants aux cycles supérieurs: guide pratique. https://campusmentalhealth.ca/fr/trousse-doutils/la-sante-mentale-des-etudiantes-et-des-etudiants-aux-cycles-superieurs/ Cristia, C. (2022). Le processus doctoral : entre souffrances et vulnérabilités. Revue interdisciplinaire d’Humanités, 7. https://doi.org/10.4000/essais.10762 DeVellis, R. F. et Thorpe, C. T. (2021). Scale development: Theory and applications. Sage publications. Hazell, C. M., Chapman, L., Valeix, S. F., Roberts, P., Niven, J. E. et Berry, C. (2020). Understanding the mental health of doctoral researchers: A mixed methods systematic review with meta-analysis and meta-synthesis. Systematic reviews, 9(1), 1-30. https://doi.org/10.1186/s13643-020-01443-1 Levecque, K., Anseel, F., De Beuckelaer, A., Van der Heyden, J. et Gisle, L. (2017). Work organization and mental health problems in PhD students. Research Policy, 46(4), 868–879. https://doi.org/10.1016/j.respol.2017.02.008 McAlpine, L. et Amundsen, C. (2007). Academic communities and developing identity: The doctoral student journey. Dans P. B. Richards (dir.), Global issues in higher education, (p. 57-83). Nova Science Publishers, Inc. McAlpine, L. et Norton, J. (2006). Reframing our approach to doctoral programs: An integrative framework for action and research. Higher Education Research & Development, 25(1), 3-17. https://doi.org/10.1080/07294360500453012 McMillan, D. W. et Chavis, D. M. (1986). Sense of community: A definition and theory. Journal of community psychology, 14(1), 6-23. https://doi.org/10.1002/1520-6629(198601)14:1<6::AID-JCOP2290140103>3.0.CO;2-I Pyhältö, K. et Keskinen, J. (2012). Doctoral Students' Sense of Relational Agency in Their Scholarly Communities. International Journal of Higher Education, 1(2), 136-149. https://doi.org/10.5430/ijhe.v1n2p136 Tremblay Wragg, É., Vincent, C., Lison, C., Gilbert, W., Valois, P. et Mathieu-Chartier, S. (2021). Les retraites de rédaction structurées auprès des doctorant[e]s : Quelles conditions favorisent une expérience de rédaction légitime, productive et plaisante? Revue canadienne de l’éducation, 44(2), 530‑558. https://doi.org/10.53967/cje-rce.v44i2.4775 Vekkaila, J., Pyhältö, K. et Lonka, K. (2013). Experiences of disengagement: A study of doctoral students in the behavioral sciences. International Journal of Doctoral Studies, 8(2013), 61-81. Vincent, C., Tremblay-Wragg, É., Déri, C. E. et Mathieu-Chartier, S. (accepté, 2022). A multi-Phase mixed-Method study defining dissertation writing enjoyment and comparing PhD students writing in the company of others to those writing alone. Higher Education Research & Development. http://doi.org/10.1080/07294360.2022.2120854. Le 26 janvier dernier, grâce à une étroite collaboration avec une équipe de recherche multidisciplinaire, nous avons lancé Chrono, la première version d’une application-web qui vise à soutenir les étudiantes et les étudiants aux cycles supérieurs à mieux rédiger de la maison. Bien que le projet ait été entamé avant la pandémie, les mesures sanitaires n’ont fait qu’exacerber les défis auxquels Chrono souhaite répondre. Prolongation, abandon, enjeux de motivation, de procrastination, d’isolement et de santé mentale... Nous nous sommes lancé le défi de soutenir les étudiant.e.s au-delà des retraites et de l’Espace Thèsez-vous. Cela a mené au développement d’une application-web unique et accessible gratuitement, conçue pour soutenir spécifiquement la rédaction à distance, sans égard à l’université ou à la discipline, de la maîtrise au post-doctorat, en passant par tous les programmes qui exigent la rédaction de rapports d’activités (ex. DESS, MBA). Comment fonctionne Chrono? Chrono s’apparente à un espace de “coworking” en ligne et intègre des outils pour répondre à des besoins et des défis précis. Dès qu’on arrive sur Chrono, on trouve une carte qui permet d’apercevoir où se trouvent approximativement toutes les personnes connectées. Cette façon de visualiser le groupe favorise le sentiment d’appartenance, malgré la distance. En haut de l’écran, on trouve le même indicateur de temps pour l’ensemble des étudiant.e.s connecté.e.s. La minuterie alterne les 50 minutes de travail et les 10 minutes de pause, à l’image de la façon dont Thèsez-vous a adapté la technique Pomodoro. Cette synchronisation de l’horaire est une distinction importante vis-à-vis des autres applications de gestion de temps (ex. Be Focused, Forest, Flow), car elle impose une structure légèrement plus rigide, voire une petite pression sociale, qui encourage la mise en action tout en rappelant l’importance de prendre des pauses. Chaque début et fin de “tomate” (50 min) est aussi marquée par une indication sonore. Lorsque le moment est venu de se mettre à la tâche, il faut cliquer sur “Entrez en mode rédaction”. Cette fonctionnalité permet de bien marquer le début et la fin de la séance de travail afin de protéger et réserver ce temps à la rédaction (et rien d’autre!). Pour les membres de Thèsez-vous, cela permet aussi de comptabiliser vos “tomates” qui sont ajoutées à celles réalisées à l’Espace, en retraite ou en activité en ligne dans votre profil de membre. Que ce soit avant ou une fois entré.e en mode rédaction, il est possible de se fixer un objectif SMART pour la séance qui restera bien en vue tant que vous n’aurez pas indiqué qu’il est complété. En passe d’idée? Un blocage? Chrono propose un générateur aléatoire d’objectifs ludiques inspirés des approches d’écriture automatique. Cette fonctionnalité permet de se mettre en action et d’approcher son travail sous un nouvel angle. À droite de l’écran se trouve un clavardage. Une fois entré.e en mode rédaction, il est uniquement accessible lors des pauses. Ainsi, entre les tomates, les étudiant.e.s peuvent socialiser pendant 10 minutes, sans prendre le risque d’être aspiré.e par les réseaux sociaux. Toujours dans l’idée de réduire les risques d’égarement, on trouve un bloc notes éphémère en haut à droite de l’écran qui permet de noter les pensées parasites qui n’ont rien à voir avec la rédaction ou l’objectif actuel. Ces notes sont conservées et sont accessibles à la fin de la séance de travail, après avoir cliqué sur “Quitter la tomate”. Une fois que la tomate est quittée, Chrono propose un récapitulatif qui intègre les objectifs accomplis et le nombre de tomates accomplies, en plus des idées inscrites au bloc notes. En utilisant bien la fonction Objectifs, cette rétroaction devient très utile pour mieux comprendre son rythme de travail. Une histoire de recherche-action participative L’application Chrono a été conçue dans le cadre d’une recherche-action-participative financée par les Fonds de recherche du Québec : Quand la distance rapproche - rédiger ensemble grâce à une application de formation à distance pour soutenir la persévérance et la réussite aux cycles supérieurs. Le projet est mené par Élise Labonté-LeMoyne, chercheure au Tech3Lab de HEC Montréal, entourée d’une équipe de co-chercheur.e.s de l’UQÀM et de l’Université d’Ottawa, en plus d’impliquer des étudiant.e.s-chercheur.e.s de l’Université Laval, l’UQAC, l’UQAR, l’UQTR, l’UQO, l’Université de Sherbrooke et l’Université de Montréal. À cette équipe interuniversitaire, se joignent des chercheures communautaires de Thèsez-vous et des partenaires en design et en programmation de FJNR. Le développement de Chrono repose sur une intégration de données tirées d’une recension des écrits ciblée, des résultats issus de l’analyse d’impact des retraites de rédaction (CRSH - Tremblay-Wragg & al.), de collectes de données à travers plusieurs groupes de discussion et d’expérimentations d’activités en ligne (ex. Watch Party, Zoom, Discord). Au fil de 2021, ces données ont servi de fondements aux séances de co-design organisées avec des membres de la communauté, les co-chercheur.euse.s ainsi que des professionnel.le.s du domaine (en programmation, en design d’application, en design UX). Au total, une centaine d’étudiant.e.s ont contribué aux différentes étapes de documentation, de design et d'expérimentation de l’application web. Cette collaboration se poursuivra dans les futures phases du projet. Alors que les phases de prototypage indiquent des effets positifs sur le flow et le sentiment de bien-être, les données collectées sur un échantillon plus large seront diffusées au cours de 2022. Jour 1 8h Quand on arrive au Manoir d'Youville, c'est encore tranquille. On stationne notre auto dans l'endroit prévu et puis on rentre nos sacs à l'intérieur. C'est lourd, on a apporté plein d'affaires: du linge mou pour trois jours, des cahiers, des livres, notre ordinateur, un support, des fichiers. Et un tapis de yoga, au cas où un moment s'y prêterait. Quand les participant.e.s sont toutes et tous arrivé.e.s, on commence l'atelier d'introduction. On explique comment ça va se passer et on prend le temps de répondre aux questions. Pour certaines personnes, c'est leur toute première retraite de rédaction. Pour d'autres, on ne les compte plus. On a le temps d'échanger quelques blagues et de connaître les programmes d'études de tout le monde, puis on s'installe dans la grande salle pour commencer la rédaction. On a deux heures de travail avant le repas du midi. Pour certaines personnes, ça débute directement! On les voit ouvrir leurs documents Word ou leurs cahiers de notes et se mettre immédiatement à la tâche. Pour d'autres, comme moi, c'est plutôt le moment de planifier. J'inscris mes premiers objectifs de la journée sur des Post-its colorés et je vais les accrocher au mur. Je suis maintenant prête à commencer. 12h La rédaction, ça creuse! J'ai déjà faim. Ça tombe bien, c’est l’heure d’aller manger. À la cafétéria, on nous accueille avec un repas extraordinairement varié: plusieurs choix de plats principaux, salades, desserts... et c'est bon, en plus! On en profite pour jaser avec les gens qui partagent notre table. Je suis entourée de personnes qui étudient en psychoéducation ou en travail social. Ce n'est pas mon domaine, mais elles sont passionnées et c'est super intéressant de les écouter! 13h Le repas est terminé, on a une heure pour décompresser avant de se remettre au travail. J'ai envie d'aller me promener un peu sur le bord de l'eau. L'air est bon et il fait encore chaud, pour la saison. C’est fou, on se croirait l'été. 14h On reprend le travail pour l'après-midi! Le café est en retard, mais pas de panique, il s'en vient. Du moins, c'est ce que les cuisinières nous ont dit! On l'espère, parce que je ressens un petit essoufflement d'après-midi, et je vois autour de moi que je ne suis pas la seule! Le soleil est beau, dehors. Une chance que la grande salle a de belles fenêtres, ça nous permet d'en profiter! (Le café est là, ouf! On est sauvé.e.s!) 17h Je me sens un peu vidée, l'après-midi a été intense! Avec quelques personnes, on s'en va relaxer (s'écraser!) dans l'herbe, devant le Manoir. 18h On mange! Il y a plein de nouvelles sortes de salade, c'est vraiment super. C'est surtout le fun de ne pas avoir à se soucier de la cuisine et de la vaisselle pour trois jours. C'est tellement libérateur et ça m’enlève une sacrée charge mentale! J'en profite! Et on a droit à un dessert décadent. Sérieux, on se délecte. 19h C'est le temps des deux tomates de la soirée. Deux heures de travail devant nous! Va-t-on y arriver? Je vois ma voisine se servir un café. Personnellement, je préfère la tisane à cette heure-ci. C'est un peu long de me lancer, mais après quelques minutes, je prends un rythme. Normalement, je ne travaille pas très bien le soir, mais je suis surprise de constater que ça fonctionne bien en retraite, lorsque je suis entourée de gens. 21h Quelques personnes nous ont quitté.e.s pour aller se coucher. D'autres, comme moi, ont tenu jusqu'à la fin! Nous sommes les irréductibles! On se félicite et on s'applaudit. Je vois des participant.e.s autour de moi replacer leurs affaires pour le lendemain, d'autres s'en vont prendre une bière dehors, devant le fleuve. Personnellement, la journée a été longue. Je salue tout le monde et je monte me coucher. Jour 2 9h Après un succulent déjeuner, on reprend la rédaction pour la deuxième journée. J'ai décidé de changer d'endroit et d'aller rédiger au 1er étage, avec quelques personnes. On y trouve une toute petite pièce avec des fenêtres tout autour qui donnent une superbe vue sur les arbres et le fleuve. C'est beau. Le rythme de travail se reprend bien. Je sens que j'ai plus d’énergie qu’hier. 10h On sort la collation, ce sont des boules d'énergie. Dattes, noix, chocolat, cononut, elles ont fière allure, malgré qu’elles soient restées un peu trop longtemps dans l'auto d'Audrey et qu’elles soient légèrement ramollies. Mais bon, ça ne prend pas trois secondes que tout le monde vient se servir. Le chocolat fond légèrement et, à ce qu'on dit, c'est parfait! La bonne nouvelle se répand et après une heure, il n'en reste plus une seule... 13h On a une heure de pause avant de reprendre la rédaction et quelqu'un propose une marche dans la réserve naturelle juste à côté. On est plusieurs à la suivre. Ça fait du bien, surtout que le site est magnifique. On voit une tortue et plein de grenouilles dans le marais. Sur le chemin du retour, une énorme marmotte nous raccompagne. On se sent vraiment en nature, même si on est à peine à 30 minutes de Montréal. C'est fou! Juste en dehors de la réserve, on remarque qu'il y a des kiosques où on vend des pommes, des pâtisseries... Plusieurs d'entre nous reviennent au Manoir avec des tartes chaudes entre les mains. Un délice pour plus tard! Mais maintenant, on se remet au travail! 17h On se réunit dans l'herbe pour une discussion informelle avant le repas. On avait prévu de partager des trucs sur la prise de notes, mais finalement, on jase de demandes de bourses pendant une heure. On se rend compte que c'est un sujet qui est prenant et stressant pour plusieurs personnes. Ça fait du bien de ventiler. Fait cocasse, on entend une voix qui nous parvient d’en haut. On lève les yeux et on voit le responsable de la réception sur le toit qui nous fait de grands gestes pour capter notre attention: « Je me suis embarré dehors! Pouvez-vous venir m'ouvrir? » On ne peut s'empêcher de rire un peu. C'est Maude qui se porte volontaire et qui monte les quatre étages pour aller secourir notre ami. Il nous en est tellement reconnaissant qu'il nous offre des brownies, en échange du sauvetage. Miam! 19h Ouf, c'est plus dur ce soir! Je commence à sentir la fatigue arriver et je ne suis pas sûre de pouvoir tenir jusqu'à 21h. Mais on verra! Pour le moment, je peux m’aider en grignotant les brownies décadents en guise de collation pour m'aider à travailler. Il y a pire, non? 21h C'est fini! Ouf, quelle journée! Je vais déplacer mes Post-its sur le mur. J'ai quand même réussi à terminer plusieurs objectifs, aujourd'hui! Je songe à aller me coucher, mais Brintha et Amilie nous montrent leurs sacs remplis de palettes de chocolat et de bonbons. On me prend par les sentiments et je ne peux pas résister! On s'en va jaser dehors, pas trop fort, pour ne pas déranger ceux et celles qui ont vraiment décidé d'aller se coucher. David me sort des tounes de comédies musicales, je ne peux pas m'empêcher de chanter avec lui. Puis, on sort les grands classiques: Francis Cabrel, Éric Lapointe, avec Anne. Finalement, on rentre nous coucher pas trop tard. C'est que demain, ça commence tôt... Jour 3 6h Je suis toute seule devant la porte de la grande salle, en pyjama et je croise les doigts pour que les cuisiniers n'aient pas oublié de nous apporter du café pour la rédaction matinale! C'est tôt en titi! Je suis soulagée quand j'entends au loin le bruit des tasses qui tintent ensemble. Ouf! Quelques minutes plus tard, je suis rejointe par plusieurs personnes. Je suis surprise par l'énergie de ce matin. Le soleil n'est même pas encore levé! Il faut dire qu'il y a des restes de brownies de la veille et qu'on se régale encore. On commence le pomodoro, et plusieurs autres personnes se joignent à nous en cours de route. À 8h, lorsque l'heure arrive d'aller déjeuner, je ressens un puissant sentiment d'accomplissement à l'idée d'avoir déjà travaillé deux heures. Et avec le soleil qui se lève, c'est quand même beau, il faut le dire! 9h Ça y'est, c'est parti pour un avant-midi de rédaction! Le dernier. Je suis de retour dans la grande salle, aujourd'hui. L'énergie est bonne, j'entends autour de moi les doigts se faire aller sur les claviers. J'essaie de terminer mon article. Je ne sais pas si je vais y arriver, mais au moins, j'aurai bien avancé. 14h Dernière tomate... go go go, on lâche pas! 15h Ça y'est, on a terminé la rédaction! Je sens des exclamations de joie et de contentement autour de moi. Tout le monde se lève, ramasse ses affaires, refait son sac. Pendant que j'enroule mon fil d'ordinateur, je vois les derniers Post-its se déplacer sur le mur. Maintenant, la section « Terminé » est pleine. Je vois que tout le monde se sourit. On dirait qu'on vient de traverser quelque chose de vraiment intense ensemble. D'intense, mais d'immensément satisfaisant. Avant de quitter, on se rassemble une dernière fois ensemble pour jaser de comment ça s'est passé. Audrey et moi, on guide les échanges, car on veut entendre les impressions et les commentaires de tout le monde. Pour plusieurs, c'était la première expérience, et elles et ils racontent leur surprise et leur contentement. « C'est fou, j'ai tellement avancé! » dit une participante. Une autre avoue être arrivée sceptique, pour totalement embrasser la formule. Pour une autre personne, la rédaction matinale a été une vraie révélation. Elle compte s'inscrire à la cohorte Tomatinale dès le mois prochain. Une douce impression reste une fois que les participant.e.s sont quitté les lieux. Un sentiment de connexion avec les autres, de partage. De bonheur. De nature. Des amitiés se sont créées, on a même vu des personnes s'échanger leurs numéros de téléphone. « On rédigera ensemble par zoom! ». Pour d'autres, ce sera un rendez-vous dans une prochaine retraite : « Je me suis inscrite à la prochaine retraite déjà! ». Il règne aussi une impression de bien-être. Ça a fait du bien de quitter notre quotidien pour quelques jours. J'ai moi-même l'impression d'avoir pris des vacances, même si je suis épuisée intellectuellement. C'était le fun, cette retraite. On se refait ça? par Marion Gingras-Gagné, doctorante en études littéraires et animatrice à Thèsez-vous Passer à travers la pandémie en étant au cœur des activités de Thèsez-vous représente une des phases les plus intenses de ma vie. Encore aujourd’hui, je rattrape des retards, certains courriels et autres engagements qui m’ont glissé entre les doigts entre deux remous. Dans ce contexte, plusieurs questionnements ont émergé, d’autres se sont amplifiés, notamment à l’égard du rôle que doit jouer la direction générale d’un organisme comme le nôtre. J’en suis venue à la conclusion qu’il était temps de passer le flambeau. C’est vrai, ça a peut-être à voir avec la petite fatigue qui m’habite, ainsi que les études et les projets mis en pause depuis trop longtemps. Je dirais toutefois qu’un rationnel plus profond a motivé ma décision.
En effet, six ans plus tard, je saisis davantage les nuances entre les habiletés qui mènent à la fondation d’une initiative comme Thèsez-vous et celles propres à sa gestion. Je perçois aussi, non pas sans fierté, que l’équipe et les projets ont gagné en ampleur et en complexité et que cela exige toute une coordination. Dans les derniers mois, le besoin de bousculer la structure d’origine me semblait de plus en plus présent, dans l’idée d’intégrer des façons de faire moins systématiquement liées à moi, cofondatrice et directrice, dont le pouvoir symbolique reste inévitablement fort, peu importe les approches de gestion adoptées. Ainsi, cette transition est essentiellement une démarche d’humilité qui me pousse à reconnaître que non seulement je ne suis plus indispensable à Thèsez-vous, mais que mon départ entraînera une bonne dose d’innovation et de systématisation. Me voilà donc à la fin de cette histoire, reconnaissante d’avoir eu l’occasion de réfléchir, créer, tester, faire des faux pas, réussir, critiquer, analyser et rire (beaucoup!) avec des personnes dont le degré de rigueur et de mobilisation sont rares. Certaines d’entre elles sont là depuis les débuts et restent des alliées fortes, critiques et généreuses, qui font évoluer l’organisation et sa mission à travers les années. D’autres ont été de passage ou se sont greffées plus récemment. L’arrivée et le départ de ces personnes ont toujours provoqué des remises en question porteuses et stimulantes. Et c’est pour le mieux. J’ai vite compris que le confort est peu souhaitable quand on veut transformer une culture aussi profondément ancrée que celle du milieu universitaire. Puis, il y a les étudiantes et les étudiants qui ont participé aux activités de rédaction structurées et collectives que nous avons organisées. Je ne compte plus les « c’est la pause » et les moments où j’ai eu le privilège d’écouter leurs préoccupations, dont plusieurs ont mené à proposer de nouvelles activités de rédaction ou de formation. Ce n’est pas pour rien que nous tenons à répéter que Thèsez-vous c’est du « par et pour ». Dans notre quotidien, c’est très concret, ça s’exprime dans le choix des membres de nos équipes, mais également dans la façon de s’ajuster et de valoriser l’expérience des principaux et des principales intéressées par nos activités et notre mission. Il s’agit d’un processus continu et exigeant, qui me manquera profondément. Le sens de nos activités se trouve dans cette communauté. Je quitte mon poste avec une grande confiance envers l’équipe et Brintha Koneshachandra qui me remplace à la direction générale. J’ai hâte de voir les projets qui seront privilégiés, avec la confiance qu’ils refléteront une hybridation entre l’analyse des besoins des universitaires et des environnements, l’évaluation des effets souhaitables, ou non, de nos activités, ainsi qu’une créativité débordante. J’ai même l’intuition que certains jeux de mots persisteront. ;) À partir d’octobre, mon implication au sein de Thèsez-vous s’articulera au niveau de nos activités de recherche et de formation. À temps partiel, j’animerai les ateliers et je contribuerai à titre de co-chercheuse à la réalisation des projets de recherche affiliés à l’OBNL. Je ne serai donc pas très loin, et toujours aussi motivée. Je termine avec un merci trop bref aux ami.e.s et collègues, d’hier et d’aujourd’hui, à nos partenaires, aux organismes subventionnaires et aux universités qui se sont joints à nous, aux incubateurs et aux fondations qui m’ont permis d’apprivoiser l’entrepreneuriat et de l’actualiser à ma façon. C’est un cumul de beaucoup d’expériences et de personnes, dont j’espère pouvoir faire mention de façon plus explicite, dès que je trouve le temps de produire quelque chose de plus substantiel sur les leçons tirées de la fondation de Thèsez-vous. À suivre… Il y a quelques semaines, ma collègue Sara m’a envoyé un article paru récemment dans le Journal of Contemporary Ethnography. Intitulé Facing the Storm: Our First Annual Faculty of Color Writing Retreat as a Microcosm for Being a Black Woman in the Academy, l’article explorait l’expérience de Mikkaka Overstreet, Janee’ Avent Harris, Loni Crumb et Christy Howard, quatre femmes noires faisant partie du corps professoral d’une université américaine. L’épuisement induit par les luttes antiracistes (racial battle fatigue), les microagressions, la présomption d’incompétence de la part des collègues et étudiant.e.s… la liste des stresseurs avec lesquels elles devaient dealer était longue. J’avais mal au cœur, mais j’étais soulagée de voir la parole de femmes racisées libérée dans cette contribution. Chez Thèsez-vous, on discute déjà, depuis plusieurs mois, de l’organisation d’activités par et pour des étudiant.e.s issu.e.s de groupes marginalisés et/ou sous-représentés. À force de vouloir bien faire ou plutôt par peur de mal faire, on a longtemps repoussé l’initiative à plus tard. Regrouper toutes les minorités marginalisées et créer une cohorte d’étudiant.e.s racisées, LGBTQIA2+, vivant avec un handicap et risquer d’invisibiliser les réalités propres à chaque groupe et sous-groupe? Cibler un groupe spécifique et en négliger d’autres qui vivent des enjeux tout aussi légitimes? On a spinné longtemps! On a fini par prendre la décision de passer à l’action et commencer quelque part et la parution de cet article n’aurait pu mieux tomber pour nous encourager à annoncer le Blitz BIPOC : 6 heures de rédaction en ligne – par et pour les personnes racisées. Cliquer ici pour modifier. Le choix d’appeler cette nouveauté le Blitz BIPOC est plus qu’une belle allitération. L’acronyme BIPOC signifie en anglais «Black, Indigenous and People of Color», même si son équivalent francophone, le sigle NAPDC (Noir.e.s, autochtones et personnes de couleur) existe, le premier demeure plus populaire. Même si l’acronyme BIPOC met en emphase l’oppression historique vécue par les personnes noires et autochtones, il demeure controversé et il est important de l’utiliser avec précautions et de demeurer ouvert.e.s à la critique [1]. Les personnes BIPOC, et surtout celles qui se retrouvent à l’intersection de plusieurs identités marginalisées—comme les femmes noires— rapportent un sentiment d’isolement et un détachement de la camaraderie professionnelle et du support de leurs collègues dans les institutions à prédominance blanche (Kelly and Winkle-Wagner, 2017). C’est ce à quoi Thèsez-vous souhaite s’attaquer avec cette activité de rédaction. Avoir des activités “par et pour” est une façon d’occuper les espaces desquels on était exlu.e.s ou desquels on s’autoexcluait instinctivement par désir de s’autopréserver. C’est donc aussi une façon de se sentir plus en sécurité, de s’offrir une petite pause du code-switching [2], de cette pression à porter un masque pour se sentir accepté.e, et d’avoir l’occasion de libérer la parole sur les barrières, mais aussi sur les facteurs facilitants qui nous permettraient de mieux naviguer les espaces académiques et de ne pas priver le monde de nos idées et de nos contributions. MISE À JOUR - ÉTÉ 2023: Pour la première fois chez Thèsez-vous, nous organisons le Camp Rédigez-vous, édition BIPOC
Date : 7 au 16 août 2023— Tous les lundis, mardis et mercredis Heure : 13 h à 17 h Coût : 50 $ (présentiel) ou 35 $ (virtuel) Il n’est pas nécessaire de détenir un membership Thèsez-vous pour participer à cette activité, mais il faut simplement se créer un profil sur la plateforme de Thèsez-vous. Des bourses sont d’ailleurs disponibles pour participer aux activités. [1] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1798414/bipoc-pandc-lutte-contre-le-racisme [2] https://www.facebook.com/watch/?v=2487209838047050 Derrière les activités de rédaction en groupe offertes par Thèsez-vous se loge un principe qui est parfois incompris : rédiger parmi d’autres (write among others). Quelle est cette idée de rédiger parmi d’autres lorsqu’on travaille sur un projet de rédaction aussi individuel qu’un mémoire ou une thèse? Dans le monde académique, l’idée que la rédaction soit un processus social est bien établie1. On rédige POUR les autres (write for others), car l'écriture est une forme de communication et c’est elle qui nous permet, dans le cadre de notre projet de maîtrise ou de doctorat, de transmettre les résultats de notre processus. On rédige aussi AVEC les autres (write with others), ce qui correspond à la co-écriture, entre autres lorsqu’on se fait relire par notre direction de recherche et qu’elle y apporte des commentaires. Mais, contrairement aux croyances populaires, les possibilités de rédaction sociale ne s’arrêtent pas là. Notamment, grâce à Thèsez-vous, on rédige PARMI les autres. Rédiger en groupe « ça n’a pas de prix parce que c’est comme un marathon avec ou sans Gatorade ». – Ruby (participante à une entrevue de recherche sur les activités de rédaction Thèsez-vous)3 Rédiger parmi les autres lors d’activités organisées par Thèsez-vous, c’est rédiger individuellement en compagnie d’autres étudiant.e.s de cycles supérieurs qui réalisent la même chose. C’est s’entourer de personnes qui vivent une réalité universitaire semblable, tout en rendant visibles les obstacles plus importants ou particuliers auxquels font face certain.e.s étudiant.e.s. Quelque soit l’activité de rédaction structurée, en retraite, en ligne ou à l’Espace Thèsez-vous, tou.te.s les participant.e.s forgent leur texte en même temps, au rythme de la technique pomodoro. Chaque 50 minutes d’engagement dans la rédaction est ensuite suivis par 10 minutes de pause permettant une socialisation entre les participant.e.s. En résultat, les participant.e.s, vivent une énergie de groupe extrêmement motivante, parfois qualifié d’un effet de groupe magique. Ce phénomène porte en fait un nom : le flow social. Le flow social? Le flow, concept popularisé par Csikszentmihalyi (1990), est décrit comme une expérience qui se produit généralement lorsqu'on réalise une tâche individuelle en manifestant une totale absorption dans celle-ci, une perte de la notion du temps et de la joie, de l’enthousiasme, voire, de l’exaltation au moment d’achever la tâche. Au final, la raison d'être de l'activité prend un sens d’autant plus important qui se traduit par un désir de répéter l'expérience. Walter (2010) a étendu le concept de flow à celui de flow social en réalisant que ce phénomène peut aussi être vécu lorsqu’on réalise une tâche en groupe, dont les membres sont uniformément très compétents et les défis des uns et des autres sont importants et significatifs pour l'ensemble du groupe. Les indicateurs ajoutés sont la forte attention portée et l’abandon de soi au groupe, au sens de se soumettre à l’atmosphère collective de productivité. Il émerge alors une contagion émotionnelle au sein du groupe qui peut même être constaté par des observateurs externes. Ce sentiment de joie partagé motive le groupe à répéter l'expérience. C'est mystérieux comme phénomène, un peu comme la théorie des neurones miroirs. Le fait qu’on soit tous en train de faire la même chose [écrire] fait en sorte qu’on devient plus fort ensemble. – James (participant à une entrevue de recherche sur les activités de rédaction Thèsez-vous)3 Vous avez l’impression que la solitude et l’autonomie favorise votre rédaction, voire votre productivité? Rappelez-vous que l’humain est un animal grégaire! Il y a tellement d’étudiant.e.s qui réalisent l’importance du groupe lorsqu’iels participent à une activité de Thèsez-vous… Peut-être que ça vaut le coup d’essayer et d’expérimenter ce mystérieux flow social de rédaction ;) Billet rédigé par Cynthia Vincent. Références: 1. Bodenberg, M. M., & Nichols, K. (2019). Time for an “upgrade:” How incorporating social habits can further boost your writing potential. Currents in Pharmacy Teaching and Learning, 11(11), 1077-1082. 2. Csikszentmihalyi, M. (1990). Flow: The psychology of optimal experience. New York, NY: Harper & Row. 3. Vincent, C., Tremblay-Wragg, É., Déri, C., Plante, I. et Mathieu-C., S. (2021). Writing retreats: An ideal opportunity for dissertation writing while enhancing writing self-efficacy and self-regulation in PhD candidates. Teaching in higher education. doi: 10.1080/13562517.2021.1918661 4. Walker, C. J. (2010). Experiencing flow: Is doing it together better than doing it alone?. The Journal of Positive Psychology, 5(1), 3-11. 5. Walker C.J. (2021) Social Flow. In: Peifer C., Engeser S. (eds) Advances in Flow Research. Springer, Cham. doi: 10.1007/978-3-030-53468-4_10 Pour plusieurs d'entre nous, les demandes de bourses sont une étape cruciale du cheminement à la maîtrise au doctorat, mais bien souvent, nous y sommes confronté sans préparation ou encadrement, ce qui génère beaucoup de questionnements et de stress. De plus, les dates limites arrivent vite! À peine la rentrée scolaire est-elle commencée que déjà, c'est le moment d'envoyer ces précieux documents. À Thèsez-vous, nous avons réfléchi à une manière de renverser la vapeur. Notre objectif? Nous y mettre ensemble, pour diminuer la charge reliée à ces demandes, partager nos savoirs et éviter de se retrouver coincé.es à la dernière minute! L'union fait la force... et la communauté de Thèsez-vous est grande! Comment mettre en valeurs nos forces dans une lettre de motivation convaincante? Comment rédiger une description de notre projet qui lui rend honneur? Quels sont les trucs et astuces qu'il faut savoir? Les écueils à éviter? L'équipe de Thèsez-vous s'est réunie pour mettre en commun quelques idées issues de l'expérience de ses membres, mais nous voulons aussi entendre les vôtres! Nous croyons que c'est en échangeant nos savoirs, et ce malgré la différence de nos domaines respectifs, il y a de grandes chances que nous puissions arriver à des demandes plus complètes, riches et satisfaisantes. Comment on fait, concrètement?
Pour ce faire, nous avons mis sur pied « B&B: Blocs et Bourses », deux semaines de blocs virtuels en formule spéciale, où l'accent est mis sur les demandes de bourses. Comment ça fonctionne? Chaque jour de la semaine, on se concentre sur une section en particulier de demande de bourse (CV, lettre de motivation, description du projet, justification du milieu, lettre de référence).
Ça vous intéresse? Vous pouvez vous inscrire aux blocs virtuels juste ici: >> https://www.thesez-vous.com/virtuel.html |
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