Inspirée par la lecture du petit ouvrage "Solving the procrastination puzzle" de Timothy A. Pychyl, j'ai pensé qu'il serait intéressant d'aborder certaines pensées persistantes qui ont tendance à provoquer le report de notre rédaction. Un peu comme un "snooze mental" pernicieux, dont il est difficile de se débarrasser. Un des concepts clés de l'ouvrage de Pychyl est la prévision affective. C'est un réflexe qui mène à prendre des décisions basées sur une évaluation trop enthousiaste de son état futur. Selon l'auteur (et beaucoup d'écrits en sciences cognitives), nous aurions tendance à sous-évaluer l'effet des émotions qui surviendront dans une situation future (focalism), en plus d'allouer une trop grande importance aux émotions actuelles dans les choix à propos d'actions qui ont une incidence sur ce futur (presentism). Si on applique ces biais à la rédaction, cela donne quelque chose comme "Je me sens trop démotivée et trop peu inspirée pour rédiger maintenant. Demain, je me lèverai tôt, j'aurai plus d'énergie pour terminer cette section à envoyer d'ici vendredi." Autrement dit, notre lecture du futur est irrationnelle et guidée par des pensées qui nous rassurent face à notre état actuel (et notre envie de prendre ça doux). Dans les faits, si on ne change rien à la situation, il y a des risques qu'on ne se sente pas plus motivé.e le lendemain matin. De plus, il n'est pas essentiel d'être motivé.e ou inspiré.e pour s'y mettre, il faut juste s'y mettre. Une des idées phares défendues par Pychyl est que notre attitude tend à être modifiée par le comportement, et non l'inverse. Autrement dit, c'est une bonne idée de se mettre à rédiger pour entrainer des émotions positives comme la satisfaction, le sentiment de compétence et même... l'inspiration! Un des défis est d'apprivoiser le moment transitoire (et avouons-le, un peu douloureux) qui entoure la mise en action. D'ailleurs, s'il y a des leçons à tirer du succès des retraites Thèsez-vous, c'est notamment l'effet de l'horaire structuré et de l'animation sur ces biais. Quand on participe à une activité de rédaction structurée et collective, on laisse à un tiers la décision de commencer à rédiger. Il n'est plus question de prendre la décision ou d'attendre l'inspiration, on s'y met, ensemble, c'est tout ;) Je vous invite aussi à porter une attention particulière aux pensées persistantes telles que "Je travaille mieux sous pression", "Il me reste encore beaucoup de temps", "Je mettrai quelques heures après le souper" qui justifient de privilégier d'autres dossiers plutôt que la rédaction. À cet égard, Pychyl propose de se créer des phrases automatiques pour contre-carrer ces pensées lorsqu'elles surgissent, qui prennent la forme de SI [pensée qui justifie la procrastination], ALORS [stratégie de mise en action]. Par exemple: "SI je ressens le besoin de vider ma boite de courriels, ALORS je pars un chronomètre pour un 50 minutes sans distraction (notifications éteintes)"; "SI je me dis qu'une enième douche m'aiderait à y voir plus clair; ALORS je m'offre 5 minutes d'écriture libre pour faire le point sur mon intention d'écriture"; "SI j'ai envie de snoozer (encore!); ALORS je prévois une séance de rédaction collective avec un.e. collègue en matinée". Attention, ce sont de petits trucs, pas une formule magique pour l'ensemble de votre démarche, encore moins une solution pour pallier à une situation matérielle difficile ou une direction absente. Cela dit, il est bon de tester ce genre de stratégies qui aident à déjouer la procrastination, ici et là, si ce n'est qu'en partageant le fardeau des petites décisions quotidiennes avec d'autres personnes qui vivent des défis similaires. Et si vous sentez que vous avez besoin d'un petit coup de pouce pour y arriver, n'hésitez pas à vous inscrire à une des activités Thèsez-vous. Par exemple, la formule des cohortes tomatinales est pensée précisément pour déjouer le snooze et faciliter la priorisation de la rédaction en début de journée, en début de semaine. Un petit billet de Sara Mathieu-C., cofondatrice de Thèsez-vous
Rédigé en janvier 2021, mis à jour le 13 juillet 2023.
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On ne se le cachera pas, pour faire des études supérieures, il faut être un peu masochiste! Ou du moins, il faut être pas mal exigeant envers soi-même. Le temps nécessaire à la rédaction d'un mémoire ou d'une thèse demande d'emblée une discipline personnelle forte. Il faut pouvoir s'asseoir avec des livres et un ordinateur et faire évoluer des idées qui, parfois, n'ont pas particulièrement envie de mûrir. La contrepartie de ce trait de caractère chez plusieurs, moi la première, est d'avoir du mal à être indulgent.e envers soi-même. Et pourtant, si on se tourne vers la littérature, les preuves ne sont plus à faire. On peut regarder la théorie de Baaumeister sur l'épuisement de la volonté personnelle pour se convaincre qu'il est important de recharger ses batteries. On peut aussi consulter cet article qui soulève l'importance de ne pas travailler la fin de semaine (que j'ai déjà tenté d'utiliser pour convaincre mon directeur de repousser une date de tombée...). Voici donc mes quelques conseils pour tenter d'être un peu plus indulgent.e envers soi-même, essentiellement inspirés de mon épopée doctorale. Que diriez-vous à votre ami.e? Quand vous êtes particulièrement dur.e avec vous-même ou déçu.e d'une de vos actions, parlez-vous comme si vous étiez votre ami.e, frère, soeur, enfant, parent, amoureux.euse. Si c'était cette personne qui avait vu sa bourse ou son acte de congrès être refusé, qu'est-ce que vous lui diriez? Pas "t'es un loser qui ne finira jamais sa thèse", ça serait plutôt du genre "Tsé, on t'aime quand même, rappelle toi l'an dernier tu avais reçu une distinction, viens on va aller prendre une marche et on se ramassera une crème glacée au passage!" Mener un combat à la fois Justement, la crème glacée, ou tout autre petit vice dont on aimerait se débarrasser. Une chose à la fois. Dans les semaines précédant une date de tombée, ou pendant son examen synthèse, ce n'est pas le moment idéal pour arrêter de fumer ou pour briser son habitude de se lever tard le matin. Il faut reconnaitre que les efforts qu'on met pour atteindre nos buts académiques sont énormes et que dans les moments les plus exigeants, c'est ok d'être un être humain imparfait! S'accorder des petites douceurs Même que, prenez le temps de vous faire plaisir! Trouvez des petites choses qui sauront vous faire plaisir selon votre budget. Dans les mois qui ont entouré mon examen synthèse, j'ai embauché un homme de ménage. Ça m'a fait un bien fou de m'enlever ce stress et travailler dans un environnement propre était beaucoup plus facile. De même, dans les dernières semaines de rédaction de ma thèse, je me faisais masser une fois par semaine. Dans les semaines précédant ma soutenance, je m'assurais d'avoir toujours un bouquet de fleurs fraiches sur la table. (À noter: il y a moyen d'acheter une fleur pour moins de 5$ et certaines écoles de massage offrent des séances plus abordables). On peut aussi s'acheter quelques truffes au chocolat ou se permettre une sortie au cinéma tous les mardis. Peu importe ce qui peut vous faire plaisir, faites vous un devoir de l'intégrer à votre horaire, vous ne soupçonnez pas le bien être que ça peut vous apporter. Mon petit plaisir du moment: prendre un 15 min l'après-midi pour aller chasser le Pokemon! C'est un jeu surprenamment bien construit pour nous fournir un sentiment d'accomplissement, en plus ça me fait prendre une marche. Est-ce le temps des vacances? Finalement, le conseil le plus important à mes yeux: prenez des vacances! Je n'ai pas pris de vacances pendant les 4 premières années de mes études supérieures, et quand j'ai fini par le faire, j'ai vu une telle différence dans ma productivité au retour que je me suis promis à tout jamais de m'obliger à prendre 2 semaines consécutives de vacances chaque année, sans regarder mes courriels. Pour les plus nomophobe [no mobile phobia, c'est-à-dire les gens qui ne peuvent se passer de leur mobile] prenez exemple sur un chercheur que je ne nommerai pas. Lors de ses vacances, il change le code de son compte courriel pour un mot de passe très complexe qu'il écrit sur un papier qu'il laisse au bureau. Dès le lendemain, le nouveau mot de passe est oublié, il ne peut pas regarder ses courriels jusqu'à son retour au bureau! C'est l'éloignement qui permet d'avoir une nouvelle perspective sur nos écrits alors il est bien important de faire toutes les démarches pour ne pas penser à son sujet de recherche pendant les vacances. Apportez vous des romans, avertissez vos camarades ou votre famille que c'est un sujet tabou dont il ne faut pas parler, inventez-vous un autre emploi si vous rencontrez de nouvelles personnes en voyage! PS Il y a toute une communauté de personnes au Costa Rica qui pense encore que je suis une célèbre astronaute! Billet rédigé par Élise Labonté-Lemoyne, chercheure post-doctorale au Tech3Lab - HEC et membre de l'équipe de Thèsez-vous?.
Ironiquement, l’art d’être étudiant ne s’apprend pas sur les bancs d’école. Surtout quand on entame des études supérieures. Plus souvent qu’autrement, on est parachuté dans un univers qui nous est inconnu, avec ses propres codes et règles tacites. L’impression d’avancer à tâtons, doublée de la sempiternelle angoisse de performance, induit chez plusieurs bien des nuits blanches Aujourd’hui, les universités offrent une ribambelle de services pour venir en aide aux étudiants dans le brouillard : ateliers de rédaction, aide à l’apprentissage, services de soutien financier, rencontres individuelles avec des conseillers d’orientation, des psychologues, des neuropsychologues, des orthopédagogues... Le hic, c’est que ce ne sont pas tous les étudiants qui ont le temps ou l’envie de profiter de ces services – dont ils ignorent parfois carrément l’existence! Néanmoins, leurs interrogations et leurs inquiétudes, elles, demeurent... C’est pourquoi, en 2011, alors que je travaillais au journal Forum de l’Université de Montréal, je suis partie en quête de tous ces précieux conseils qui échappent aux étudiants. J’ai rencontré une quinzaine d’experts qui m’ont aidé à rédiger de courtes capsules (qui a le temps de lire un traité sur la procrastination, hein?) allant de la conciliation travail-famille-études au choix du directeur de thèse en passant par la planification financière et la recherche d’emploi. En 2012, les Presses de l’Université de Montréal ont réuni 42 capsules en un ouvrage pratique et illustré : Petit guide de survie des étudiants. À l’intérieur, un chapitre complet est consacré aux études supérieures. Comment trouver le directeur de recherche qu’il vous faut? Qu’est-ce que la cotutelle de thèse et quels sont ses défis? Comment gérer un conflit entre un étudiant et un directeur de recherche? Qu’est-ce que l’éthique de la recherche? Quelles sont les étapes psychologiques de la rédaction aux cycles supérieurs? Comment devenir un bon vulgarisateur scientifique? Comment écrire un super article scientifique? Comment se préparer à l’examen de synthèse? Comment tirer un livre de sa thèse? Êtes-vous fait pour le stage postdoctoral? Voilà les questions qu’on y aborde. Au-delà des thèmes spécifiques à la maîtrise et au doctorat, le Petit guide traite de questions pouvant toucher les étudiants à n’importe quel moment de leur parcours. Comment surmonter l’angoisse de la page blanche? Comment lire de façon efficace? Comment accepter la critique? Comment tirer le maximum des avantages fiscaux et crédits d’impôt en tant qu’étudiant? Comment dénicher un mentor? Comment se préparer pour une entrevue? Et j’en passe... Le Petit guide n’a pas la prétention d’assurer votre réussite scolaire. Celle-ci reste entre vos mains. En revanche, il est un compagnon de route vers lequel on revient souvent. En tout cas, c’est ce qu’on me répète! Vous pouvez vous procurer gratuitement le Petit guide de survie des étudiants en format numérique ici. Mais si, comme moi, vous préférez le contact du papier, vous pouvez dénicher un exemplaire du livre dans n’importe quelle librairie au coût de 14,95$. Billet rédigé par Marie Lambert-Chan, journaliste indépendante et auteure du Petit guide de survie des étudiants Chaque automne, Matthew Might explique à une nouvelle cohorte d'étudiant.es qu'est-ce que le doctorat. Avec les années, il a constaté qu'il était difficile de décrire ce processus avec des mots, il s'est donc tourné vers l'illustration. Et il a gentiment accepté que nous traduisions The illustrated guide to a Ph.D. pour la communauté Thèsez-vous?. Enjoy! Imaginez un cercle qui contient toute la connaissance humaine... Au moment où vous avez terminé l'école primaire, vous en connaissez un peu. Au moment où vous avez terminé l'école secondaire, vous en savez un peu plus. Avec un diplôme de baccalauréat, vous gagnez une spécialité. Une maitrise vous permet d'approfondir cette spécialité. Au fil des lectures, vous arrivez à la limite de la connaissance humaine dans ce domaine. Une fois que vous êtes à la limite, vous vous concentrez... Vous poussez alors la limite pendant quelques années... Jusqu'à ce qu'un jour, cette limite cède! Et, cette brèche dont vous êtes responsable, c'est ce qu'on nomme "doctorat". À partir de ce moment, le monde vous apparait tout à fait différent. Sans oublier de re-situer cette petite brèche dans son ensemble... ...Keep pushing! En développant Thèsez-vous?, nous avons opté pour une formule interdisciplinaire et interuniversitaire. Pour nous, c'est une façon de garder en tête cette vision d'ensemble et d'être confronté à une diversité de perspectives. Qu'en pensez-vous? * Nous tenons à remercier Matt Might pour sa générosité et ses bons mots à propos de notre initiative. Matt Might est actuellement en sabbatique à la Havard Medical School et professeur en Computer Science à la University of Utah. Il est l'auteur du The Illustrated Guide to a Ph.D., dont le partage est autorisé selon des termes Creative Commons. Billet rédigé par Sara Mathieu-C., Co-fondatrice de Thèsez-vous? Candidate au doctorat en psychopédagogie à l'Université de Montréal |
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