Une personne "phare" vers qui se tourner au fil de la rédaction d'un mémoire ou d'une thèse4/4/2017 Au fil de l'aventure Thèsez-vous?, nous rencontrons des étudiant.e.s et des chercheur.e.s qui nous partagent leur parcours, leurs préoccupations et leurs intuitions à l'égard des défis propres aux études aux cycles supérieurs. Et certain.e.s, comme Sarah Saublet, propose d'en faire un billet de blogue afin de partager cette réflexion auprès d'une communauté plus large. Bonne lecture! Le 20 décembre 2016, j’ai enfin soutenu ma thèse de doctorat. 6 ans de travail déterminé. 6 ans de doutes. Du temps et de la solitude. A la fin de la soutenance, mon directeur me pose cette question : « 6 ans après, que retire tu de positif et de négatif de ton expérience? ». Dans ma tête j’ai pensé, « Pardon? Du positif? Ose-t-il vraiment me demander quel a été le positif de cette histoire alors que tout le monde sait à quel point je suis négative? ». La question me décontenance. Je ne sais quoi dire. Le positif… En fait, j’ai un peu mal compris la question. Il ne me demandait pas de partager mes émois de doctorante. Non. En fait, ma thèse s’intéresse à la production du savoir et des connaissances. Comment un objet de recherche naît-il? Quelles conditions sociales facilitent, transforment ou influencent le savoir? Cette question appliquée à un cas brûlant de politique internationale -la sécurité environnementale- m’a permis de dévoiler quels processus de construction et de diffusion étaient à l’œuvre dans la mise en récit de la «menace» environnementale. Alors, ne suis-je pas bien placée pour répondre cette question? Dans le processus de recherche et de construction du savoir, qu’est ce qui relève d’une expérience positive ou négative? Il y a ces moments de grâce, entre 6h du matin et 9h ou tout semble possible. Des mois de procrastination dans la solitude la plus complète et, en 3h de temps, des paragraphes défilent devant mes yeux. Le clavier produit de la musique. Les oiseaux chantent avec le soleil levant. Les conditions sont réunies. 3h de retraite hors de tout. Produire des connaissances. Positif. Négatif. Devoir lire un livre qui s’appelle « Authoring a PhD » ; quitter un séminaire qui enseigne qu’un chapitre doit compter environ 8000 mots pour être « aux normes » ; avancer dans un univers de concurrence ; avancer seul. Devoir performer, contribuer de manière originale, sortir du fond obscur, comme dit Bourdieu, pour compter dans le milieu. J’aurais aimé avoir une personne « phare » vers qui me tourner. On ne peut pas toujours venir pleurer dans le bureau de son/sa directeur(rice), on se sent déjà assez mal pour ne pas ajouter à la gêne. Dans les heures les plus difficiles ou l’idée même de persévérer a quitté le navire, j’aurais eu besoin d’un soutien, d’un tuteur de thèse. Bien sûr on partage avec les amis et collègues mais nous sommes tous aveuglés par le travail et l’angoisse de ne jamais y arriver. La page blanche, la montagne à franchir, le vide post-doctoral… Consulter un tuteur avec le recul et l’expérience du parcours de rédaction m’aurait aidé. A mieux gérer l’anxiété, à comprendre la normalité du processus de rédaction, ses hauts et ses bas. Les rescapés de la rédaction sont tous de potentiels coach de thèse capables de soutenir notre volonté de persévérer. N’est-il pas temps d’en faire un métier ? * L'équipe de Thèsez-vous? travaille très fort à la mise en place de lieux fixes de rédaction en ville et nous sohaitons y réfléchir avec vous, ternir compte de vos besoins et de vos idées. Par exemple, serait-ce une bonne idée d'offrir des services de tutorat sur place pour répondre aux enjeux soulevés dans ce billet? Prenez 5 minutes pour nous faire part de vos idées par ici! Billet rédigé par Sarah Saublet, récemment diplomée d'un doctorat en sciences politiques à l'Université de Montréal. Sa thèse est intitulée " La construction de la "menace" environnementale. Une conversation entre savoir et pouvoir".
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On ne se le cachera pas, pour faire des études supérieures, il faut être un peu masochiste! Ou du moins, il faut être pas mal exigeant envers soi-même. Le temps nécessaire à la rédaction d'un mémoire ou d'une thèse demande d'emblée une discipline personnelle forte. Il faut pouvoir s'asseoir avec des livres et un ordinateur et faire évoluer des idées qui, parfois, n'ont pas particulièrement envie de mûrir. La contrepartie de ce trait de caractère chez plusieurs, moi la première, est d'avoir du mal à être indulgent.e envers soi-même. Et pourtant, si on se tourne vers la littérature, les preuves ne sont plus à faire. On peut regarder la théorie de Baaumeister sur l'épuisement de la volonté personnelle pour se convaincre qu'il est important de recharger ses batteries. On peut aussi consulter cet article qui soulève l'importance de ne pas travailler la fin de semaine (que j'ai déjà tenté d'utiliser pour convaincre mon directeur de repousser une date de tombée...). Voici donc mes quelques conseils pour tenter d'être un peu plus indulgent.e envers soi-même, essentiellement inspirés de mon épopée doctorale. Que diriez-vous à votre ami.e? Quand vous êtes particulièrement dur.e avec vous-même ou déçu.e d'une de vos actions, parlez-vous comme si vous étiez votre ami.e, frère, soeur, enfant, parent, amoureux.euse. Si c'était cette personne qui avait vu sa bourse ou son acte de congrès être refusé, qu'est-ce que vous lui diriez? Pas "t'es un loser qui ne finira jamais sa thèse", ça serait plutôt du genre "Tsé, on t'aime quand même, rappelle toi l'an dernier tu avais reçu une distinction, viens on va aller prendre une marche et on se ramassera une crème glacée au passage!" Mener un combat à la fois Justement, la crème glacée, ou tout autre petit vice dont on aimerait se débarrasser. Une chose à la fois. Dans les semaines précédant une date de tombée, ou pendant son examen synthèse, ce n'est pas le moment idéal pour arrêter de fumer ou pour briser son habitude de se lever tard le matin. Il faut reconnaitre que les efforts qu'on met pour atteindre nos buts académiques sont énormes et que dans les moments les plus exigeants, c'est ok d'être un être humain imparfait! S'accorder des petites douceurs Même que, prenez le temps de vous faire plaisir! Trouvez des petites choses qui sauront vous faire plaisir selon votre budget. Dans les mois qui ont entouré mon examen synthèse, j'ai embauché un homme de ménage. Ça m'a fait un bien fou de m'enlever ce stress et travailler dans un environnement propre était beaucoup plus facile. De même, dans les dernières semaines de rédaction de ma thèse, je me faisais masser une fois par semaine. Dans les semaines précédant ma soutenance, je m'assurais d'avoir toujours un bouquet de fleurs fraiches sur la table. (À noter: il y a moyen d'acheter une fleur pour moins de 5$ et certaines écoles de massage offrent des séances plus abordables). On peut aussi s'acheter quelques truffes au chocolat ou se permettre une sortie au cinéma tous les mardis. Peu importe ce qui peut vous faire plaisir, faites vous un devoir de l'intégrer à votre horaire, vous ne soupçonnez pas le bien être que ça peut vous apporter. Mon petit plaisir du moment: prendre un 15 min l'après-midi pour aller chasser le Pokemon! C'est un jeu surprenamment bien construit pour nous fournir un sentiment d'accomplissement, en plus ça me fait prendre une marche. Est-ce le temps des vacances? Finalement, le conseil le plus important à mes yeux: prenez des vacances! Je n'ai pas pris de vacances pendant les 4 premières années de mes études supérieures, et quand j'ai fini par le faire, j'ai vu une telle différence dans ma productivité au retour que je me suis promis à tout jamais de m'obliger à prendre 2 semaines consécutives de vacances chaque année, sans regarder mes courriels. Pour les plus nomophobe [no mobile phobia, c'est-à-dire les gens qui ne peuvent se passer de leur mobile] prenez exemple sur un chercheur que je ne nommerai pas. Lors de ses vacances, il change le code de son compte courriel pour un mot de passe très complexe qu'il écrit sur un papier qu'il laisse au bureau. Dès le lendemain, le nouveau mot de passe est oublié, il ne peut pas regarder ses courriels jusqu'à son retour au bureau! C'est l'éloignement qui permet d'avoir une nouvelle perspective sur nos écrits alors il est bien important de faire toutes les démarches pour ne pas penser à son sujet de recherche pendant les vacances. Apportez vous des romans, avertissez vos camarades ou votre famille que c'est un sujet tabou dont il ne faut pas parler, inventez-vous un autre emploi si vous rencontrez de nouvelles personnes en voyage! PS Il y a toute une communauté de personnes au Costa Rica qui pense encore que je suis une célèbre astronaute! Billet rédigé par Élise Labonté-Lemoyne, chercheure post-doctorale au Tech3Lab - HEC et membre de l'équipe de Thèsez-vous?.
Quel est le plus grand défi? Être en rédaction ou être en couple avec une personne en rédaction...6/4/2016 Lors des retraites Thèsez-vous?, plusieurs participant.e.s partagent avec d'humour, de sympathiques anecdotes sur la conciliation vie sentimentale / vie académique. Le mémoire ou la thèse étant souvent perçus comme une longue quête personnelle, ponctuée d'aléas, de questionnements, d'angoisses et d'accomplissements individuels, il n'est pas étonnant que les amoureux, amoureuses aient parfois du mal à suivre! Pour notre clin d'oeil du dimanche, on fait dans la PhD-Psycho-Pop et on vous invite à vous prononcer... Que vous soyez en rédaction ou en couple avec une personne en rédaction, n'hésitez pas à nous faire part de vos meilleures anecdotes, vos blagues, ou commentaires sur la question. On aimerait bien documenter davantage le sujet pour un futur billet de blogue étant donné que le sujet semble en préoccuper plusieurs! Lors de la 5e édition de Thèsez-vous?, Alex Bourque, étudiant à la maitrise en sciences de l'activité physique (Université de Sherbrooke) a généreusement partagé quelques conseils visant à faciliter la pratique de la pleine conscience. Voici quelques éléments issus de sa présentation. Dans le cadre des retraites Thèsez-Vous ?, les meilleures conditions sont offertes pour rédiger de manière efficace. Malgré ce contexte idéal, il n’en demeure pas moins qu’une personne doit être attentive sur de longues périodes. Pour améliorer la qualité de cette attention, la pratique de la pleine conscience est possible, de manière formelle en méditant ou en pratiquant le yoga, ou de manière informelle, par exemple en marchant ! La pleine conscience consiste à porter son attention dans le moment présent sans jugement. Ainsi, même lorsque des situations difficiles se présentent, on porte une présence attentive à ce qui se passe, dans le "ici et maintenant". Pourquoi pratiquer la pleine conscience ? Plusieurs études illustrent que la pratique régulière de la pleine conscience offre une multitude de bénéfices. Voici quelques exemples: Bien-être global
Capacités physiques
Santé mentale
Comment pratiquer la pleine conscience ? Pour pouvoir bénéficier des effets de la pleine conscience, il faut bien sûr pratiquer ! Deux types de pratiques sont possibles :
Ainsi, la pratique formelle englobe aux exercices qui favorisent explicitement la pratique de la pleine conscience dans ses directives. Lorsque l’on parle de pratique informelle, il s’agit plutôt d’exécuter les activités quotidiennes en étant pleinement conscient. Par exemple, lorsque vous prenez votre douche, tenez compte de la sensation de l’eau sur votre corps plutôt que de penser au conflit que vous avez avec votre direction ou alors à la prochaine date de tombée qui approche dangereusement. Et maintenant? Pourquoi ne pas prendre quelques minutes pour tenter l'expérience! Dès aujourd'hui en trottant jusqu'à la bibliothèque, ou alors en groupe, lors d'une séance de rédaction ou de la prochaine retraite Thèsez-vous?. Billet rédigé par Alex Bourque, étudiant à la maîtrise en science de l’activité physique à l’Université de Sherbrooke. Son mémoire porte sur les effets d'un programme de pratique de la pleine conscience sur le niveau de fatigue, d’anxiété et de la qualité de vie de personnes atteintes de la sclérose en plaques. Les périodes de rédaction d'un mémoire ou d'une thèse semblent être systématiquement associées à des temps de solitude et d'isolement, conséquence de la nature même de la tâche, mais également du type d'encadrement offert par l'université à ce moment du parcours. . Il y a quelques mois, Chao et ses collaborateurs relevaient justement 3 dimensions de l'expérience de solitude chez les doctorants français. D'abord, la solitude "Face à soi" qui découle de l'impression de voir tout son temps "dévoré" par la rédaction, la solitude "Face aux autres" qui résulte des difficultés à partager son vécu avec son entourage et la solitude "Face au monde", liée au vertige et aux incertitudes à l'égard d'un avenir incertain. Nous avons beaucoup réfléchi à ces "visages" de la solitude académique au moment de créer Thèsez-vous?. Si le leitmotiv des retraites est de rédiger plus et mieux, il s'agit aussi d'offrir des occasions de briser l'isolement. Vous seriez surpris des bénéfices de partager son quotidien de rédaction avec d'autres étudiant.e.s qui vivent des défis similaires, le temps d'une simple retraite. Il est peut-être nécessaire de briser sa routine solitaire pour prendre conscience qu'il existe bel et bien une communauté académique, qui a beaucoup à partager. Alors, ça vous dit de vous joindre à nous? Pour lire l'article original: Chao, M., Monini, C., Munck, S., Thomas, S., Rochot, J., & Van de Velde, C. (2015). Les expériences de la solitude en doctorat. Fondements et inégalités. Socio-logos . Revue de l’association française de sociologie, (10). Disponible en ligne. Billet rédigé par Sara Mathieu-C., Co-fondatrice de Thèsez-vous? Candidate au doctorat en psychopédagogie à l'Université de Montréal #Àlire Jeter un oeil à la série "Mental Health: a university crisis" publiée dans The Guardian, composée d'une diversité d'articles sur la santé mentale des étudiant.e.s et des personnes qui évoluent dans le merveilleux monde académique. Des thèmes comme le perfectionnisme, la productivité, et la recherche sur la santé mentale y sont abordés. En passant, l'un des objectifs de Thèsez-Vous? est justement de briser l'isolement propre à la phase de rédaction chez les étudiant,e,s à la maitrise et au doctorat. Trois jours lors desquels vous pourrez discuter avec d'autres étudiant.e.s des défis et des trucs pour rédiger sans mettre en péril votre santé! Joignez-vous à nous lors d'une prochaine retraite! |
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