On ne se le cachera pas, pour faire des études supérieures, il faut être un peu masochiste! Ou du moins, il faut être pas mal exigeant envers soi-même. Le temps nécessaire à la rédaction d'un mémoire ou d'une thèse demande d'emblée une discipline personnelle forte. Il faut pouvoir s'asseoir avec des livres et un ordinateur et faire évoluer des idées qui, parfois, n'ont pas particulièrement envie de mûrir. La contrepartie de ce trait de caractère chez plusieurs, moi la première, est d'avoir du mal à être indulgent.e envers soi-même. Et pourtant, si on se tourne vers la littérature, les preuves ne sont plus à faire. On peut regarder la théorie de Baaumeister sur l'épuisement de la volonté personnelle pour se convaincre qu'il est important de recharger ses batteries. On peut aussi consulter cet article qui soulève l'importance de ne pas travailler la fin de semaine (que j'ai déjà tenté d'utiliser pour convaincre mon directeur de repousser une date de tombée...). Voici donc mes quelques conseils pour tenter d'être un peu plus indulgent.e envers soi-même, essentiellement inspirés de mon épopée doctorale. Que diriez-vous à votre ami.e? Quand vous êtes particulièrement dur.e avec vous-même ou déçu.e d'une de vos actions, parlez-vous comme si vous étiez votre ami.e, frère, soeur, enfant, parent, amoureux.euse. Si c'était cette personne qui avait vu sa bourse ou son acte de congrès être refusé, qu'est-ce que vous lui diriez? Pas "t'es un loser qui ne finira jamais sa thèse", ça serait plutôt du genre "Tsé, on t'aime quand même, rappelle toi l'an dernier tu avais reçu une distinction, viens on va aller prendre une marche et on se ramassera une crème glacée au passage!" Mener un combat à la fois Justement, la crème glacée, ou tout autre petit vice dont on aimerait se débarrasser. Une chose à la fois. Dans les semaines précédant une date de tombée, ou pendant son examen synthèse, ce n'est pas le moment idéal pour arrêter de fumer ou pour briser son habitude de se lever tard le matin. Il faut reconnaitre que les efforts qu'on met pour atteindre nos buts académiques sont énormes et que dans les moments les plus exigeants, c'est ok d'être un être humain imparfait! S'accorder des petites douceurs Même que, prenez le temps de vous faire plaisir! Trouvez des petites choses qui sauront vous faire plaisir selon votre budget. Dans les mois qui ont entouré mon examen synthèse, j'ai embauché un homme de ménage. Ça m'a fait un bien fou de m'enlever ce stress et travailler dans un environnement propre était beaucoup plus facile. De même, dans les dernières semaines de rédaction de ma thèse, je me faisais masser une fois par semaine. Dans les semaines précédant ma soutenance, je m'assurais d'avoir toujours un bouquet de fleurs fraiches sur la table. (À noter: il y a moyen d'acheter une fleur pour moins de 5$ et certaines écoles de massage offrent des séances plus abordables). On peut aussi s'acheter quelques truffes au chocolat ou se permettre une sortie au cinéma tous les mardis. Peu importe ce qui peut vous faire plaisir, faites vous un devoir de l'intégrer à votre horaire, vous ne soupçonnez pas le bien être que ça peut vous apporter. Mon petit plaisir du moment: prendre un 15 min l'après-midi pour aller chasser le Pokemon! C'est un jeu surprenamment bien construit pour nous fournir un sentiment d'accomplissement, en plus ça me fait prendre une marche. Est-ce le temps des vacances? Finalement, le conseil le plus important à mes yeux: prenez des vacances! Je n'ai pas pris de vacances pendant les 4 premières années de mes études supérieures, et quand j'ai fini par le faire, j'ai vu une telle différence dans ma productivité au retour que je me suis promis à tout jamais de m'obliger à prendre 2 semaines consécutives de vacances chaque année, sans regarder mes courriels. Pour les plus nomophobe [no mobile phobia, c'est-à-dire les gens qui ne peuvent se passer de leur mobile] prenez exemple sur un chercheur que je ne nommerai pas. Lors de ses vacances, il change le code de son compte courriel pour un mot de passe très complexe qu'il écrit sur un papier qu'il laisse au bureau. Dès le lendemain, le nouveau mot de passe est oublié, il ne peut pas regarder ses courriels jusqu'à son retour au bureau! C'est l'éloignement qui permet d'avoir une nouvelle perspective sur nos écrits alors il est bien important de faire toutes les démarches pour ne pas penser à son sujet de recherche pendant les vacances. Apportez vous des romans, avertissez vos camarades ou votre famille que c'est un sujet tabou dont il ne faut pas parler, inventez-vous un autre emploi si vous rencontrez de nouvelles personnes en voyage! PS Il y a toute une communauté de personnes au Costa Rica qui pense encore que je suis une célèbre astronaute! Billet rédigé par Élise Labonté-Lemoyne, chercheure post-doctorale au Tech3Lab - HEC et membre de l'équipe de Thèsez-vous?.
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Plusieurs anciens, anciennes participantes des retraites Thèsez-vous? se lancent dans un été de rédaction dans tous les coins du Québec. Dans un café? Perdu.e dans le bois?
En solo dans l'avion? En groupe dans un parc? Nous sommes curieux, curieuses à l'égard de vos cadres de rédaction! Faites comme plusieurs étudiant.e.s et prenez 2 petites minutes pour nous partager une photo de votre #ThèsezVousMaison! Des participant.e.s rédigent avant, pendant, après les retraites Thèsez-vous?. La plupart du temps, c'est leur mémoire ou leur thèse qui prend forme. Mais parfois, d'autres écrits émergent, plus réflexifs et créatifs. C'est un plaisir de les partager sur notre blogue, comme une façon de nourrir la réflexion entourant la démarche et l'identité des membres d'une communauté académique plutôt éclatée. J’ai toujours cru que je ne faisais partie d’aucune minorité. Femme blanche occidentale, francophone, brune, taille et poids moyens. Je parle anglais et espagnol couramment, j’ai beaucoup voyagé, je fais des études supérieures, je travaille dans une galerie d’art contemporain, mais en communication. Pourtant, en ce 16 avril 2016, au bord d’un lac à Jouvence, je réalise que je me suis trompée. À commencer par mon domaine d’études, je fais ma maîtrise en langue et littérature françaises option recherche-création à McGill. J’étudie à McGill depuis bientôt un an en ayant toujours aimé le côté microcosme de cette université bien particulière qui ne « fit » pas avec le reste de la ville, de la province. Une province qui lutte pour l’indépendance du Québec, pour le respect de la langue française. Moi, j’étudie la langue française, mais dans une université anglophone. Je suis un spécimen étrange et francophone sur un campus international et anglophone. Je suis une étudiante internationale, aussi, mais je suis française. À l’intérieur de mon département, on pourrait penser que je me sente à ma place. Or, j’étudie en recherche-création. Soixante-dix pages sur cent de mon mémoire seront en création littéraire. Seulement trente pages de critique, trente pages théoriques, scientifiques, emploieront le langage universitaire. Le reste ? Libre à moi. Tellement libre que je me retrouve seule – avec mon directeur de maîtrise – sans cadre, ou si peu. En ce 16 avril 2016, on m’a posé la question des attentes et de la culture du milieu. C’est simple, on attend de moi que je sois capable de lire, de réfléchir, d’analyser et d’assimiler des concepts écrits et inventés par d’autres. On attend de moi que je « suive le troupeau », que je cite les bonnes personnes au bon endroit. On attend de moi un travail « digne du cycle supérieur ». Bien que réalisable sur mes trente pages de critique, aucun de ces critères n’est compatible avec mes soixante-dix pages de création. Aucune des attentes du « milieu » n’a de sens avec les deux tiers de mon mémoire. Comme si cela ne suffisait pas, j’étudie, je lis, j’écris, je réfléchis et je me questionne sur la place des femmes dans notre société. Je m’intéresse à leurs rôles, l’évolution de ces rôles, à leurs voix, à la portée de ces voix-là. Tout à coup, je réalise que je suis née minorité. Je suis née femme. Cela aura pris presque un quart de siècle, mais je crois que je commence tout juste à comprendre ce qu’être une femme implique. Le poids que je porte sur mes épaules, les embuches sur mon chemin, aussi francophone et occidentale que je sois. Je commence à comprendre ce qu’on attend de moi, si peu. J’apprends surtout ce dont je suis capable, ce que je souhaite accomplir, ce que j’aimerais devenir. J’étudie, je lis, j’écris, je réfléchis. Je prends conscience, je décide, je vise (les étoiles). Billet rédigé lors d'une retraite Thèsez-vous? par Marion Malique, étudiante à la maitrise en langue et littérature française, option recherche-création, Université McGill.
Les meilleures idées sont parfois toutes simples... Comme celle de réunir 40 étudiant.e.s dans un lieu reculé pour qu'ils, qu'elles puissent se dédier complètement à la tâche, apprendre les un.e.s des autres et discuter du monde académique. De celui qui existe, mais aussi de celui qui est encore à faire. Un an plus tard, une OBNL de créée, 7 exils réussis, plus de 250 étudiant.e.s rencontré.e.s, de 14 universités, inscrit.e.s dans une cinquantaine de programmes, 2 bourses allouées, 5 concours remportés, 3 émissions de radio et 7 articles décrivant l'initiative. Je suis toujours surprise par l'ampleur qu'a pris le projet, en l'espace de quelques mois, alors que je me voie encore, assise au Café Larue et fils, à me demander s'il s'agit d'une bonne idée... Mais sous cette accumulation de chiffres, se cache quelque chose d'encore mieux. Chaque fois qu'on me demande de raconter l'histoire de Thèsez-vous?, j'ai la chance de pouvoir expliquer en quoi, pour moi, le projet représente une façon de renouer avec ce qu'il y a de plus inspirant dans le monde universitaire. En effet, chacune des retraites devient cette occasion particulière d'échanger avec des personnes passionnées par un sujet précis, complexe, parfois improbable et bien éloigné de mes préoccupations quotidiennes. Ça donne des discussions colorées, des silences solidaires, des regards entendus, un humour un peu trop niché et un regain collectif d'énergie qui fait du bien. Et j'ai alors l'impression d'appartenir à une communauté qui me ressemble. Avec laquelle je veux réfléchir le monde. Après un an, j'ai la conviction que nous avons plus que jamais besoin de ces espaces communs, pour être "seul-ensemble", pour être à "plusieurs devant nos hypothèses personnelles", et plus encore, pour être en dialogue interdisciplinaire, interuniversitaire, dans la douceur de l'informel, de son aspect sécuritaire et non-compétitif. Au-delà de la rédaction, les retraites permettent de répondre à ce besoin. Il nous reste maintenant à en tirer un maximum et à multiplier les initiatives complémentaires. La prochaine année s'annonce donc chargée pour l'équipe derrière Thèsez-vous?. Douze retraites prévues à partir de septembre 2016, un CA qui va s'éclater davantage, une tournée et des antennes à travers la province, une #BiblioThèse interactive, une communauté en ligne pour favoriser l'émergence de retraites locales, par et pour les étudiant.e.s d'ici et d'ailleurs, et d'autres surprises, collaborations, dans l'idée de concevoir des expériences accessibles et riches en apprentissage, en partage, en possible. Et je souhaite très fort que vous soyez de la partie! D'ici là, une petite pause estivale se dessine. Mais pas avant d'avoir célébrer cette première année en bonne et due forme! Joignez-vous à toute l'équipe, pour un 5 à 7 tout simple (10 juillet, au AlexandraPlatz), une occasion de se donner une tape dans le dos, se féliciter et rigoler, avant de se lancer dans un été qui, dans mon cas, sera ponctué de rédaction ;) Merci encore une fois à l'Acfas, à PME-Mtl et à la FAECUM pour le financement alloué, dès nos débuts, alors que plusieurs n'y croyaient pas. Billet rédigé par Sara Mathieu-C., Co-fondatrice de Thèsez-vous? .
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