Derrière les activités de rédaction en groupe offertes par Thèsez-vous se loge un principe qui est parfois incompris : rédiger parmi d’autres (write among others). Quelle est cette idée de rédiger parmi d’autres lorsqu’on travaille sur un projet de rédaction aussi individuel qu’un mémoire ou une thèse? Dans le monde académique, l’idée que la rédaction soit un processus social est bien établie1. On rédige POUR les autres (write for others), car l'écriture est une forme de communication et c’est elle qui nous permet, dans le cadre de notre projet de maîtrise ou de doctorat, de transmettre les résultats de notre processus. On rédige aussi AVEC les autres (write with others), ce qui correspond à la co-écriture, entre autres lorsqu’on se fait relire par notre direction de recherche et qu’elle y apporte des commentaires. Mais, contrairement aux croyances populaires, les possibilités de rédaction sociale ne s’arrêtent pas là. Notamment, grâce à Thèsez-vous, on rédige PARMI les autres. Rédiger en groupe « ça n’a pas de prix parce que c’est comme un marathon avec ou sans Gatorade ». – Ruby (participante à une entrevue de recherche sur les activités de rédaction Thèsez-vous)3 Rédiger parmi les autres lors d’activités organisées par Thèsez-vous, c’est rédiger individuellement en compagnie d’autres étudiant.e.s de cycles supérieurs qui réalisent la même chose. C’est s’entourer de personnes qui vivent une réalité universitaire semblable, tout en rendant visibles les obstacles plus importants ou particuliers auxquels font face certain.e.s étudiant.e.s. Quelque soit l’activité de rédaction structurée, en retraite, en ligne ou à l’Espace Thèsez-vous, tou.te.s les participant.e.s forgent leur texte en même temps, au rythme de la technique pomodoro. Chaque 50 minutes d’engagement dans la rédaction est ensuite suivis par 10 minutes de pause permettant une socialisation entre les participant.e.s. En résultat, les participant.e.s, vivent une énergie de groupe extrêmement motivante, parfois qualifié d’un effet de groupe magique. Ce phénomène porte en fait un nom : le flow social. Le flow social? Le flow, concept popularisé par Csikszentmihalyi (1990), est décrit comme une expérience qui se produit généralement lorsqu'on réalise une tâche individuelle en manifestant une totale absorption dans celle-ci, une perte de la notion du temps et de la joie, de l’enthousiasme, voire, de l’exaltation au moment d’achever la tâche. Au final, la raison d'être de l'activité prend un sens d’autant plus important qui se traduit par un désir de répéter l'expérience. Walter (2010) a étendu le concept de flow à celui de flow social en réalisant que ce phénomène peut aussi être vécu lorsqu’on réalise une tâche en groupe, dont les membres sont uniformément très compétents et les défis des uns et des autres sont importants et significatifs pour l'ensemble du groupe. Les indicateurs ajoutés sont la forte attention portée et l’abandon de soi au groupe, au sens de se soumettre à l’atmosphère collective de productivité. Il émerge alors une contagion émotionnelle au sein du groupe qui peut même être constaté par des observateurs externes. Ce sentiment de joie partagé motive le groupe à répéter l'expérience. C'est mystérieux comme phénomène, un peu comme la théorie des neurones miroirs. Le fait qu’on soit tous en train de faire la même chose [écrire] fait en sorte qu’on devient plus fort ensemble. – James (participant à une entrevue de recherche sur les activités de rédaction Thèsez-vous)3 Vous avez l’impression que la solitude et l’autonomie favorise votre rédaction, voire votre productivité? Rappelez-vous que l’humain est un animal grégaire! Il y a tellement d’étudiant.e.s qui réalisent l’importance du groupe lorsqu’iels participent à une activité de Thèsez-vous… Peut-être que ça vaut le coup d’essayer et d’expérimenter ce mystérieux flow social de rédaction ;) Billet rédigé par Cynthia Vincent. Références: 1. Bodenberg, M. M., & Nichols, K. (2019). Time for an “upgrade:” How incorporating social habits can further boost your writing potential. Currents in Pharmacy Teaching and Learning, 11(11), 1077-1082. 2. Csikszentmihalyi, M. (1990). Flow: The psychology of optimal experience. New York, NY: Harper & Row. 3. Vincent, C., Tremblay-Wragg, É., Déri, C., Plante, I. et Mathieu-C., S. (2021). Writing retreats: An ideal opportunity for dissertation writing while enhancing writing self-efficacy and self-regulation in PhD candidates. Teaching in higher education. doi: 10.1080/13562517.2021.1918661 4. Walker, C. J. (2010). Experiencing flow: Is doing it together better than doing it alone?. The Journal of Positive Psychology, 5(1), 3-11. 5. Walker C.J. (2021) Social Flow. In: Peifer C., Engeser S. (eds) Advances in Flow Research. Springer, Cham. doi: 10.1007/978-3-030-53468-4_10
0 Commentaires
Votre commentaire sera affiché après son approbation.
Laisser un réponse. |
Envie de contribuer au blogue ?N'hésitez pas à nous contacter, ainsi qu'à nous soumettre vos idées sur les enjeux de la rédaction et de la vie académique! Archives
Septembre 2023
Thèmes
Tous
|