Par Cynthia Vincent, Kathy Beaupré-Boivin, Catherine E. Déri, Émilie Tremblay-Wragg et Raphaëlle Côté-Parent Depuis ses débuts, Thèsez-vous a des visées sociales précises entourant la mise en œuvre de ses activités de rédaction en groupe. On souhaite notamment encourager la socialisation à la profession de chercheur·e (à l’écriture scientifique précisément) et favoriser le réseautage entre les étudiant·e·s aux cycles supérieurs (apprenti·e·s chercheur·e·s) de différents domaines d’études et universités d’attache. Thèsez-vous rassemble donc, entre autres, les apprenti·e·s chercheur·e·s de la communauté scientifique afin que celles et ceux-ci échangent et travaillent dans des conditions de rédaction favorables, ensemble. En collaboration avec notre équipe de recherche, une question nous anime: si et comment peut-on mesurer le sentiment de communauté scientifique? Peut-on mesurer le sentiment de communauté scientifique? Intéressée à connaître les effets des activités de rédaction en groupe qu’elle offre, l’équipe de Thèsez-vous a toujours en tête la question de la mesure utilisée dans ses recherches (p.ex., Vincent et al., 2022). C’est pourquoi nous avons entrepris une fouille de la littérature au sujet des instruments de mesure du sentiment de communauté scientifique. Au final, le constat était évident: à notre connaissance, aucune échelle ne semble avoir été développée pour mesurer tous les facteurs (incluant, mais non limités à, la perception d’appartenance, d’utilité et de compétences pour contribuer à la communauté scientifique) qui selon nous définissent le sentiment de communauté scientifique. Ainsi, la question qui nous anime est la suivante: Comment peut-on mesurer le sentiment de communauté scientifique? Pour répondre à cette question, nous avons entrepris la mise en place d’une échelle du sentiment de communauté scientifique chez les doctorant·e·s. Que disent les études sur la communauté scientifique chez les apprenti·e·s chercheur·e·s? Vekkaila et al. (2013) définissent la communauté scientifique comme le principal environnement d’apprentissage et de travail des doctorant·e·s. McAlpine et Norton (2006), elles, en parlent comme d’une entité complexe et multicouche qui peut comprendre, par exemple, un groupe de recherche spécifique faisant partie d’une faculté influencée par une discipline inscrite dans la grande communauté scientifique. Plus simplement, la communauté scientifique désigne, dans un sens large, l'ensemble des chercheur·e·s, y compris les apprenti·e·s chercheur·e·s, qui mènent des travaux de recherche scientifique. Conséquemment, la communauté scientifique sollicite la participation des chercheur·e·s, y compris des apprenti·e·s, et permet la collaboration entre les pairs (Brew et al., 2011 ; Pyhältö et Keskinen, 2012). “Apprenti·e·s chercheur·e·s? Les personnes étudiantes aux cycles supérieurs dans un programme nécessitant la réalisation d’un projet de recherche sont considérées comme des apprenti·e·s chercheur·e·s.” Pourquoi s’intéresser aux doctorant·e·s spécifiquement? Les doctorant·e·s en recherche se démarquent des autres populations étudiantes de plusieurs façons. D’abord, vu la durée du programme (environ cinq ans) et la charge demandée par la thèse (manuscrit volumineux), les doctorant·e·s réalisent un parcours nettement plus long et exigeant intellectuellement que les autres formations post secondaires existantes. En outre, les doctorant·e·s, par leur formation au métier de chercheur·e, sont encouragé·e·s à entreprendre de multiples tâches (recherche, enseignement et services à la collectivité), faisant qu’ils·elles se considèrent comme des professionnel·le·s en formation plutôt que comme de simples étudiant·e·s (Centre d’innovation en santé mentale sur les campus, 2021). Ainsi, pour une plus longue durée et avec plus d’intensité que les autres étudiant·e·s, les doctorant·e·s éprouvent une situation de précarité, souffrent d’isolement (Cristia, 2022) et éprouvent d’importantes difficultés psychologiques (Hazell et al., 2020; Levecque et al., 2017). Notre étude en cours pour apporter une mesure du sentiment de communauté Des mois de travail se sont écoulés à développer des items basés sur les théories existantes sur le sentiment de communauté (p.ex. McMillan et Chavis, 1986) et sur le contexte de la recherche scientifique et du développement professionnel des apprenti·e·s chercheur·e·s. Parmi les neuf étapes de développement d’échelle de DeVellis et Thorpe (2021), nous en sommes rendues à l’administration du questionnaire. Vous êtes curieux·euses de connaître le processus en détail et/ou les résultats concrets? Et bien, il faut d’abord participer à l’étude et/ou nous aider dans le recrutement! Si vous êtes au doctorat, nous aimerions BEAUCOUP solliciter un peu de votre temps pour remplir le questionnaire et ainsi nous permettre d’avancer le développement de notre mesure du sentiment de communauté. Cela aidera Thèsez-vous à bonifier ses activités au besoin, et nous permettra de transférer les connaissances acquises aux milieux de la recherche et universitaire. Comment participer? Si vous êtes doctorant·e·s inscrit·e·s dans un programme de recherche dans une université au Québec), vous êtes invité·e·s à remplir le sondage via ce lien: 👉 https://sondage.uqam.ca/972759?newtest=Y&lang=fr 👈 Comment nous aider dans le recrutement? Comme vous le savez, les doctorant·e·s sont souvent inondé.e.s de courriels et parfois difficiles à rejoindre. Si vous souhaitez nous aider, n'hésitez pas à partager le sondage aux doctorant·e·s que vous connaissez ou à faire circuler les publications: Sur ce, nous vous remercions de l’intérêt que vous portez envers notre étude! Références Brew, A., Boud, D. et Un Namgung, S. (2011). Influences on the formation of academics: The role of the doctorate and structured development opportunities. Studies in Continuing Education, 33(1), 51-66. https://doi.org/10.1080/0158037X.2010.515575 Centre d’innovation en santé mentale sur les campus (2021). La santé mentale des étudiantes et des étudiants aux cycles supérieurs: guide pratique. https://campusmentalhealth.ca/fr/trousse-doutils/la-sante-mentale-des-etudiantes-et-des-etudiants-aux-cycles-superieurs/ Cristia, C. (2022). Le processus doctoral : entre souffrances et vulnérabilités. Revue interdisciplinaire d’Humanités, 7. https://doi.org/10.4000/essais.10762 DeVellis, R. F. et Thorpe, C. T. (2021). Scale development: Theory and applications. Sage publications. Hazell, C. M., Chapman, L., Valeix, S. F., Roberts, P., Niven, J. E. et Berry, C. (2020). Understanding the mental health of doctoral researchers: A mixed methods systematic review with meta-analysis and meta-synthesis. Systematic reviews, 9(1), 1-30. https://doi.org/10.1186/s13643-020-01443-1 Levecque, K., Anseel, F., De Beuckelaer, A., Van der Heyden, J. et Gisle, L. (2017). Work organization and mental health problems in PhD students. Research Policy, 46(4), 868–879. https://doi.org/10.1016/j.respol.2017.02.008 McAlpine, L. et Amundsen, C. (2007). Academic communities and developing identity: The doctoral student journey. Dans P. B. Richards (dir.), Global issues in higher education, (p. 57-83). Nova Science Publishers, Inc. McAlpine, L. et Norton, J. (2006). Reframing our approach to doctoral programs: An integrative framework for action and research. Higher Education Research & Development, 25(1), 3-17. https://doi.org/10.1080/07294360500453012 McMillan, D. W. et Chavis, D. M. (1986). Sense of community: A definition and theory. Journal of community psychology, 14(1), 6-23. https://doi.org/10.1002/1520-6629(198601)14:1<6::AID-JCOP2290140103>3.0.CO;2-I Pyhältö, K. et Keskinen, J. (2012). Doctoral Students' Sense of Relational Agency in Their Scholarly Communities. International Journal of Higher Education, 1(2), 136-149. https://doi.org/10.5430/ijhe.v1n2p136 Tremblay Wragg, É., Vincent, C., Lison, C., Gilbert, W., Valois, P. et Mathieu-Chartier, S. (2021). Les retraites de rédaction structurées auprès des doctorant[e]s : Quelles conditions favorisent une expérience de rédaction légitime, productive et plaisante? Revue canadienne de l’éducation, 44(2), 530‑558. https://doi.org/10.53967/cje-rce.v44i2.4775 Vekkaila, J., Pyhältö, K. et Lonka, K. (2013). Experiences of disengagement: A study of doctoral students in the behavioral sciences. International Journal of Doctoral Studies, 8(2013), 61-81. Vincent, C., Tremblay-Wragg, É., Déri, C. E. et Mathieu-Chartier, S. (accepté, 2022). A multi-Phase mixed-Method study defining dissertation writing enjoyment and comparing PhD students writing in the company of others to those writing alone. Higher Education Research & Development. http://doi.org/10.1080/07294360.2022.2120854.
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